Quand James Bond fait réfléchir… pop philosophie..

Quand James Bond fait réfléchir….

 

Ce qu’il y a de merveilleux dans le monde de la réflexion c’est son infinie complexité qui n’a d’égal que l’infinité des possibilités qui ouvrent ou font évoluer une réflexion.

Ce matin c’est mon édito quotidien de Philosophie Magazine que je reçois tous les jours dans ma boite mail qui a été l’élément déclencheur qui finalement a conduit à ce texte.

Au début, un constat d’observation, la base pour toutes celles et ceux qui cherchent à mieux comprendre le monde qui les entoure, ce monde dans lequel nous vivons, bon gré mal gré…

Une observation d’un quartier de Paris que je connais bien pour plusieurs raisons : Pigalle.

Haut lieux du sexe à la française, enfin, pour les guides touristiques uniquement, car dans la réalité…

Cet endroit qui concentre de mon point de vue avec Barbes et la Gare du Nord le plus grand nombre d’exemples de la déchéance d’une société qui s’enfonce dans les sables mouvants de sa propre incapacité à se comprendre et à vouloir réagir.

Je l’ai parcouru souvent car paradoxalement, au cœur de ce temple du sexe pour les pigeons il y a une grande concentration de magasins de musique.

Alors, pour aller voir une nouvelle basse, du matériel de studio, acheter une partition, rencontrer d’autres musiciens, nous passons entre les sex-shops et les bars à entraineuses, parfois devant l’une des rares prostituées qui arpentent presque éternellement ces trottoirs étroits, sales, glauques, comme les témoins d’un autre temps qui ne parviennent pas à tourner une page dont l’épilogue a déjà été écrit il y a longtemps.

Et pourtant, comme le dit si bien l’éditorialiste « les bars à hôtesses auraient dû disparaître depuis longtemps. Paradoxalement, leur succès inépuisable et leur résistance à toute épreuve marque peut-être le dernier sursaut du “patriarcat”. Car pour se donner de grands airs et sauver la face, il doit payer – et pas qu’un peu ! »

Oui, la réflexion est on ne peut plus pertinente et d’une grande justesse au sein d’une société qui cherche ses marques entre son passé, son présent et son avenir, entre ses minorités et ses majorités, entre ce que l’on peut considérer comme un héritage culturel à conserver et d’anciennes pratiques d’un autre siècle à abolir…

Etrangement il n’y a pas si longtemps je lisais dans Psychologie Magazine une interview de l’essayiste Mona Chollet en rapport avec son livre « Sorcière : la puissance invaincue des femmes ».

Le point commun ? La notion de patriarcat, un sujet sensible, brûlant même pour notre société.

« Car pour se donner de grands airs et sauver la face, il doit payer – et pas qu’un peu ! »

De fil en aiguille, d’une référence à une autre, nous passons de Platon et de son mythe de la caverne, illustration typique de l’illusion bien amené dans l’idée que notre société aurait besoin d’illusion plus que de vérité, que beaucoup préfèrent retourner dans la confort du mensonge, et là c’est le choix proposé à Néo dans Matrix entre la pilule bleue et la pilule rouge, le choix entre ne pas voir ou entrer dans le monde de la réalité, au risque de le regretter amèrement.

« Il n’y a qu’un seul monde et il est faux, cruel, contradictoire, séduisant et dépourvu de sens. Un monde ainsi constitué est le monde réel. Nous avons besoin de mensonges pour conquérir cette réalité, cette « vérité ». » Friedrich Nietzsche.

Alors, la fin de l’éditorial ne pouvait pas passer à côté de l’événement cinématographique du jour, la sortie du dernier « James Bond ».

Car, si l’on souhaite parler d’une figure typique de l’homme, dans ce qu’il a de plus viril, dans tous les domaines, l’élégance, la force, un caractère indestructible, le tombeur auquel aucune femme ne résiste, James Bond est le candidat parfait.

Et me voici plongé dans un article référencé en fin d’édito dans un article qui nous donne 3 raisons philosophiques d’aller voir James Bond.

L’agent 007 et la philosophie, une rencontre improbable ? Pas tant que cela pour qui aime aller au-delà des apparences, au fond des choses. Car à de très nombreuses reprises je me suis rendu compte que même dans des films, livres, musiques apparemment sans grande « profondeur » en ce sens que l’on considère qu’il existe des films d’auteurs et des blockbusters à grand spectacle, nous pouvons toujours trouver des pistes de réflexions, plus ou moins nombreuses certes, mais pourtant réelles.

Autre coïncidence, ces derniers temps je me suis pris de plaisir à revisionner plusieurs James Bond de ma vidéothèque.

En particulier la série avec Daniel Craig depuis « Casino Royal » jusqu’à « Spectre ».

J’ai toujours aimé comparer les différents « James » au travers des acteurs qui leur ont donné vie.

Et cette comparaison rejoint une problématique fondamentale de la philosophie posée dans l’article, l’opposition entre l’essentialisme et l’existentialisme.

« Penser pouvoir ainsi changer radicalement les qualités du personnage sans perdre complètement son identité, c’est aussi prendre un parti risqué dans un conflit qui divise la philosophie entre essentialistes et existentialistes. »

James Bond en ce sens ressemble fort à un autre personnage mythique né de la littérature mais qui a transcendé rapidement cet état pour en devenir une légende et une référence dans son monde : « Sherlock Holmes ».

Là où James Bond incarne un être supérieur, en force, physique et psychologique, capable d’affronter toutes les situations et de sauver le monde à chaque épisode, Sherlock Holmes lui incarne un être intellectuellement supérieur, capable de mettre en échec les pires criminels par la seule force de son esprit. Dans ce même domaine nous pourrions citer « Hercule Poirot » d’Agatha Christie.

Autant de personnages nés de l’imagination d’auteurs et qui ont fini par transcender leur condition pour devenir une référence pour des enquêteurs, des agents secrets de terrain et exister au travers de celles et ceux qui les incarnent dans la vie réelle. Une approche purement essentialiste, nous sommes avant d’exister et nos actions ne concourent qu’à concrétiser notre existence, avec plus ou moins de succès. Tous les agents secrets de terrain ne sont pas James Bond, et tous les enquêteurs ne sont pas Sherlock Holmes ou Hercule Poirot.

Mais d’un autre côté, le matricule 007 peut aussi être considéré du point de vue existentialiste.

Dans le nouveau James Bond, 007 est incarné par une femme.

D’où cette réflexion de l’auteur de l’article :

« Mais que deviendra-t-il, ce héros gorgé de viriline sans certains de ses attributs anachroniques : l’élégance, le flegme, le machisme ? Parmi ces qualités, lesquelles sont essentielles et lesquelles sont accidentelles ? »

Dans une vision existentialiste n’importe qui pourrait, par ses actes devenir James Bond, Sherlock Holmes ou Hercule Poirot, entrer dans ces personnages de légende, devenir des incarnations personnelles, subjectives de ces légendes.

Un James Bond femme ou homme resterait donc un James Bond, avec ses propres caractéristiques, son propre personnage.

C’est déjà ce qui se dessine lorsque je compare les interprétations de Daniel Craig, Pierce Brosman, Roger Moore ou Sean Connery.

Et là l’auteur de l’article nous emmène sur le terrain de mon philosophe préféré : Friedich Nietzsche.

« La fonction de l’homme est de vivre, non d’exister. Je ne gâcherai pas mes jours à tenter de prolonger ma vie, je veux brûler tout mon temps » Phrase attribuée à Jack London.

Pour Nietzsche la vie est un dépassement permanent de toutes les limites, que l’on se réfère au concept du surhomme dans Zarathoustra :

« Tu dois devenir l’homme que tu es. Fais ce que toi seul peux faire. Deviens sans cesse celui que tu es, sois le maître et le sculpteur de toi-même. »

Ou dans sa manière d’aborder le sens de la vie :

« d’une santé que non seulement on possède mais qu’il faut aussi conquérir sans cesse, puisque sans cesse il faut la sacrifier ! »

Alors, notre vie ne serait-elle qu’une grande mise en scène ? L’interprétation d’un scénario qui a été écrit pour nous bien avant notre naissance comme cela est intégré dans les croyances des peuples nordiques et au sein duquel, comme n’importe quel acteur, nous pouvons avec plus ou moins de talent interpréter, adapter notre personnage au fil de ce scénario qui se dévoile à nous à chaque instant.

Nous n’avons pas le temps de nous préparer, tout n’est qu’improvisation.

Chaque instant se découvre, et si nous pouvons en deviner la majorité, rien ne nous dit que c’est ainsi que les choses se réaliseront.

« Deviens ce que tu es » pour continuer avec Nietzsche.

Peut-être que cela résume tout le sens de notre vie, de nos vies.

Que nous décidions de choisir la pilule bleue ou la rouge de Matrix, nous cherchons à vivre, à devenir, à exister. Nous appelons cela notre quête du bonheur, réussir notre vie, accomplir notre destin… autant de formules qui ne sont que de simples points de vue, nos points de vue, nos vérités, celles auxquelles nous avons besoin de nous accrocher pour pouvoir exister.

Que nous soyons la réalisation d’une essence ou que nous existions au travers de ce que nous construisons au jour le jour, nous avons ce besoin d’exister, car sans existence que nous reste-t-il si ce n’est la mort et le néant ?

La psychologie et la philosophie parlent dans le fond de la même chose, chacune avec son langage, sa compréhension.

Pour beaucoup de psychologue Nietzsche était fou, pour de nombreux philosophes Freud était obsédé par l’omniprésence du sexe et de la libido au point d’en oublier que l’être humain ne se résume pas à sa seule fonction reproductive.

Et moi dans tout cela ? Moi qui depuis une heure écris au fil de mes pensées, va chercher des références, utilise des idées, suit des chemins via les portes ouvertes par d’autres avant de rencontrer mes propres portes. Que suis-je dans tout cela ?

Quelqu’un qui pense trop et qui se perd dans tant de conjectures et interrogations qu’il n’en trouve jamais le fond au risque de finir par une aporie, une impasse.

« Je pense donc je suis ». Je pourrais tout simplement me contenter de cette conclusion et prudemment éviter de plonger dans le cheminement du doute méthodique cartésien qui m’emmènerait encore plus loin mais probablement pas à sa validation.

Au travers de mes lectures, de ces réflexions qui j’aime poser sur le papier ou dans mes fichiers je ne suis qu’un esprit perdu dans une quête qui me dépasse. Pas assez intelligent pour pouvoir la maitriser, mais trop pour pouvoir fermer les yeux dessus et me voici plongé dans les limbes de mon esprit, de mon histoire, à la recherche d’une route que je ne trouverai peut-être jamais comme un certain David Vincent, en espérant qu’à la différence de lui je ne tomberai pas sur l’arrivée des extraterrestres sur terre.

Perdu dans mes propres contradictions, au cœur d’une société où je ne me reconnais pas, où je ne me retrouve pas, dont je n’ai pas les codes ni les bonnes pratiques.

Lorsque l’on erre dans le noir il faut parfois s’inventer sa propre lumière, son propre chez-soi à défaut de trouver celui qui nous convient.

C’est peut-être cela construire sa vie ?

Lorsque je regarde James Bond je vois tout aussi bien de magnifiques scènes d’action dont j’imagine la complexité et le talent qu’il faut pour les réaliser, qu’un personnage dont les stéréotypes me font sourire même si j’aimerais pouvoir avoir un tel pouvoir de séduction, qu’un personnage bien plus profond qu’il n’y parait, confronté à une face du monde qui, comme le dit si bien M dans « Skyfall » n’est pas celui que nous voyons. Oui, il y a un monde que nous ne voyons pas mais que d’autres voient, et nous en revenons à la pilule bleue et la pilule rouge.

Voilà, j’ai écrit, et je cherche encore, encore et toujours, et ce n’est certainement pas prêt de prendre fin…

Sources :

https://www.philomag.com/articles/trois-bonnes-raisons-philosophiques-daller-voir-james-bond?utm_source=Philosophie+magazine&utm_campaign=86c4add7fa-newsletters_COPY_02&utm_medium=email&utm_term=0_dee8ebacdf-86c4add7fa-218550319

 

Des mots et des urnes vides…

Des mots et des urnes vides….

 

Voilà, nous venons de traverser d’une manière assez transparente un nouvel épisode électoral.

Tout au long de ces semaines, tout particulièrement celle de l’entre-deux tours, les candidats, chroniqueurs, spécialistes se sont succédés sur les plateaux TV.

Une belle palette éclectique de sensibilités et de bords politiques qui aurait pu laisser augurer des débats intéressants, mais à l’image du bilan de ces élections, sur le terrain des idées, c’est de toute évidence l’abstention et le vide qui ont prédominés tout autant que dans les urnes.

Effet de conséquence ? Incidence ou coïncidence ?

Difficile d’y voir un effet isolé, et comme je l’entends beaucoup depuis ce matin, une conséquence directe de la crise COVID que nous venons de traverser.

Si beaucoup d’intervenants reconnaissent sans problème que la grande gagnante de ces élections, comme de bien d’autres avant elles est bien évidemment l’abstention, je n’ai pas l’impression que leurs discours traduisent une vraie prise en compte et compréhension de leurs propres affirmations.

J’ai encore la naïveté de croire que lorsque l’on se présente aux français pour leur demander d’être mis démocratiquement à un poste à responsabilité, on le fait en leur apportant des propositions concrètes pour appuyer, argumenter et légitimer cette demande.

Tous les candidats vous diront que c’est très exactement ce qu’ils font.

Alors, peut-être ai-je quelques soucis de compréhension en ce qui concerne la rhétorique politique, plus connue aussi sous le nom de « langue de bois » , mais lorsque au bout de 10 mn d’une interview d’un candidat tout ce que j’ai pu entendre en boucle c’est « je suis là pour faire barrage au RN », « ce ne sont pas mes idées et je les combattrai », « je veux rassembler les français contre la menace des extrémismes » j’avoue rester totalement sur ma faim ou fin, c’est selon le niveau d’interprétation.

Lorsque l’on écoute un candidat s’exprimer avant une élection, c’est avant tout pour se faire une idée de ce qui pourrait nous donner envie de voter pour lui.

Personnellement, cette idée je me la fait bien plus facilement lorsque j’ai une vision claire et précise de ce que ce candidat compte faire au poste qu’il brigue et qui pourrait m’intéresser que lorsque l’on me répète en boucle comme un message subliminal que je dois voter pour lui pour qu’un autre candidat ne soit pas élu.

Le vote reste quand même une liberté chèrement acquise et surtout une liberté individuelle totale et j’avoue avoir de plus en plus de mal avec ce discours qui a envahi tous les débats et qui ne consiste qu’à stigmatiser les français quant aux choix de vote qu’ils font ou pourraient faire.

Quand le débat d’idée a-t-il cessé d’exister ? Certainement depuis longtemps.

De nos jours on combat l’idéologie par une autre idéologie, on s’érige en rempart contre les extrêmes et le totalitarisme en usant et abusant d’une autre forme d’extrémisme totalitaire qui semble être autorisé car « politiquement » correct, mais quid des idées pour en contrer une autre ? quid des passes d’armes intellectuelles qui permettent aux spectateurs de se faire une idée sur celui qui sait le mieux défendre ses idées et en proposer des plus attrayantes ?

Il est assez dôle de voir tous ces grands et beaux parleurs dans leurs beaux costumes admettre avec une certaine gravité que l’abstention record est un véritable problème, tout en se félicitant pour certains de leur éclatante victoire et de la confiance que le peuple leur a accordée…

En parlant de confiance, faisons une petite parenthèse mathématique…

Prenons un échantillon de 250 000 personnes.

Maintenant calculons le nombre de votants avec une abstention de 66 % :

250 000 – (250 000 * 0,66) = 85 000.

Maintenant, prenons un score de 52 % sur le nombre de votants :

85000 * 0,52 = 44200

La variation ramenée à un pourcentage montre qu’un vainqueur à 52 % des voix avec une abstention à 66 % a été en réalité élu par environ 18 % des électeurs inscrits.

La première réaction serait de dire, comme cela a été évoqué ces dernières semaines, que cette élection n’est pas légitime.

Mais sur ce point je suis plutôt très réservé, car en l’état actuel de nos lois, du code électoral et de notre fonctionnement démocratique, rien n’indique qu’il faille un taux minimum de participation à une élection pour que celle-ci soit valide.

Donc, d’un point de vue purement législatif et démocratique, cet argument ne tient pas.

Ce qui n’est pas le cas d’un point de vue éthique et moral.

Comment peut-on annoncer avec un tel aplomb que l’on a gagné la confiance de français, et pour certains enchainer directement avec leurs ambitions nationales alors que l’on ne peut se targuer que de 18 % de soutien exprimés de son électorat ?

Et une fois de plus les explications des uns et des autres se perdent dans des conjectures qui ont un air de réchauffé pour la centième fois entre nos chers politiciens bien suivis par les médias qui dans le fond ont plus besoin de sujets clivants et vieilles recettes à audimat que de vrais sujets et débats de fonds qui risqueraient de les mettre face à la vacuité de leurs propres idées et analyses sur des sujets pour lesquels ils s’érigent en spécialistes.

Pour en revenir à mon propos initial, lorsque dans une interview de 15 minutes, j’entend plus d’une vingtaine de fois parler d’un parti politique « ennemi » qui doit être absolument combattu mais qu’en revanche je n’ai aucune idée de ce que l’on me propose comme solutions et propositions concrètes pour ne pas avoir envie de m’intéresser à ce fameux parti je me dis qu’il est un peu osé, voire franchement déplacé de venir ensuite se poser avec une mine grave et condescendante la question du pourquoi des 66 % d’abstention ?

Depuis des dizaines d’années maintenant, l’essentiel de l’offre politique est tourné vers ce que les Français ne doivent pas voter, vers une stratégie de rejet et non pas d’adhésion, largement argumentée par ce fameux « front républicain », terme qui soit dit en passant a autant de signification que de parler philosophie avec une huitre et qui en lui-même est une insulte aux concepts et fondements mêmes de notre système démocratique (mais c’est un autre débat).

Mais pas à un seul instant les discours n’apportent ne serait qu’une once d’intérêt pour un projet, des propositions, pas des promesses que l’on sait désormais qu’elles ne seront pas tenues, tout simplement parce que l’on ne peut pas tenir et appliquer une promesse qui ne contient tout simplement rien, on ne cesse de nous répéter ce que nous ne devons pas faire mais à aucun moment on nous offre une alternative qui puisse nous permettre de faire un vrai choix, démocratique, éclairé et d’adhésion.

Alors effectivement, quoi de plus normal que le seul choix d’adhésion qui est désormais celui de la majorité des Français soit de ne plus adhérer, ou alors d’adhérer au seul parti qui a la majorité absolue depuis des années en France : l’abstention…

C’est un bien triste constat, alors que l’on nous cesse de nous parler de valeurs démocratiques, de libertés, de lutte contre les discriminations, contre la violence, contre les extrémismes que de se dire que l’un des principaux remparts à tous ces maux de notre société, celui qui a été gagné et construit bien souvent dans le sang, celui qui est le fondement de notre démocratie, notre droit à voter, à nous exprimer par la voie des urnes n’est désormais plus qu’un simple voile de fumée, un fantôme qui a fini par s’effacer sous les coups répétés d’une classe politique qui ne sait plus rien apporter que le spectacle lamentable de sa soif de pouvoir, de ses promesses vides, de ses discours tout aussi vides et démagogiques et qui années après années, mandats après mandats, n’apporte aucune solution à aucun problème, juste des explications pour dire « ce n’est pas notre faute, c’est la faute de nos prédécesseurs, c’est la faute à la crise, et maintenant, c’est la faute au COVID ».

En 1933 le peuple Allemand a porté au pouvoir Adolf Hitler d’une manière totalement démocratique.

Ignoraient-ils la nature de cet homme, de ses idées, de son parti ? Pour beaucoup c’est probable, mais ce n’est pas aussi évident que cela.

Ce qui est sûr, c’est que lorsque l’on est plus capable de donner envie aux gens de choisir une autre voie autrement qu’en le leur imposant, ils finissent toujours par choisir une voie encore pire.

Et les réactions que j’entends sur les plateaux TV depuis ce matin ne me laissent que bien peu d’espoir quant au fait que la moindre leçon ait été tirée de ce nouveau scrutin.

« Ainsi meurent la liberté et la démocratie. Sous un tonnerre d’applaudissements ». Padmé Amidala dans Star Wars Episode 3.

Quelle écologie voulons-nous vraiment ? (de l’écologie – 2)

L’écologie….

Le grand débat de notre siècle…. Qui s’invite partout, dans les campagnes politiques, au cœur de chaque foyer, dans des discussions parfois houleuses, dans des luttes qui finissent en réels affrontements armés, de ces grandes cérémonies mondiales, les COP où des milliers de représentants de tous les pays discutent pendant des jours pour valider sous un tonnerre d’applaudissements les nouveaux accords….

Et maintenant ?

L’objectif ? On ne peut plus simple, sauver notre planète de nous-même…. Simple à écrire, mais à faire…

Les moyens…. C’est là que les choses se corsent et se tendent.

Tout d’abord, je me suis posé la question de savoir depuis quand avons-nous conscience du problème ou des problèmes d’ailleurs.

Car le problème de l’impact de l’homme sur son environnement est multiforme.

Nous pouvons citer quelques faits marquants comme :

Catastrophe de Seveso en Italie en 1976, catastrophe de BOPHAL en Inde en 1984, catastrophe de Tchernobyl en Ukraine en 1986 pour ne citer que 3 parmi les plus marquantes et emblématiques…

Toutes ces catastrophes nous ont fait comprendre que l’homme est dangereux pour l’homme et pour sa planète.

Mais alors, de quand date la prise de conscience de l’impact climatique global ?

Nous avons toutes et tous lus ces descriptions de la Londres de l’ère industrielle du 19ème siècle, baignant dans le smog et les fumées des cheminées d’usine à perte de vue.

Nous avons toutes et tous lu ou entendu parler de Germinal d’Emile Zola, cette plongée dans le monde des mineurs de l’ère industrielle.

Mais à quel moment avons-nous pris conscience de ce que tout cela allait engendrer ?

Alors, n’en déplaise à la jeune génération envers laquelle je ne voudrais pas me montrer grossier, mais le problème climatique n’est pas juste leur problème, et d’autres générations bien avant eux n’ont pas fermé les yeux comme je l’entend si souvent dire.

D’ailleurs, si nous prenons les seules catastrophes citées en début de mon propos, Seveso, Bophal, Techernobyl, il s’agirait plutôt de ma génération qui était alors la jeune génération qui a vu venir le sacrifice de l’homme face au capitalisme et à l’orgueil technologique sous le regard pas du tout passif de nos parents.

Mais à l’époque, la lutte ne faisait que commencer et elle était vraiment ancrée dans l’archétype du Pot de fer contre le pot de terre. Il suffit juste pour s’en rendre compte de regarder de plus près les suites qui on été données à Bophal et Tchernobyl.

Après quelques recherches, voici des dates qui apportent un début de réponse à ma question :

 

 

Sources :

https://www.diplomatie.gouv.fr/fr/politique-etrangere-de-la-france/climat-et-environnement/la-lutte-contre-le-changement-climatique/les-negociations-internationales-en-matiere-de-dereglement-climatique/article/chronologie-des-negociations-climat-depuis-1988-96929

  • Création du GIEC

Le Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC, IPCC en anglais), placé sous l’égide du PNUE et de l’OMM, est créé. Il est chargé du suivi scientifique des processus de réchauffement climatique.

  • Juin 1992. Sommet de la terre à Rio de Janeiro (Brésil). Adoption de la Convention cadre des Nations Unies sur le changement climatique (CCNUCC).
  • Décembre 1997, COP3 : Adoption du Protocole de Kyoto
  • La France ratifie le Protocole de Kyoto.
  • Novembre 2001. COP7, Marrakech
  • Février 2005. (COP11 et CMP1, Montréal) : Entrée en vigueur du Protocole de Kyoto (suite à la ratification de la Russie)
  • 2005, classée année la plus chaude

Un rapport de la NASA constate que 2005 a été la plus chaude depuis la fin du 19ème siècle. La terre s’est réchauffée de 0,8° C depuis un siècle et de 0,6 °C depuis 30 ans.

  • Publication du 4e rapport du GIEC

Les scientifiques du GIEC établissent la responsabilité humaine dans le réchauffement climatique. Ce 4e rapport d’une série commencée en 1990 fait le bilan de six années de travaux menés par 2500 scientifiques.

  • Mai 2007. Création du Forum des économies majeures sur le changement climatique (MEF)

Le président des Etats-Unis lance le MEF. Il rassemble les principaux pays pollueurs soit 80% des émissions mondiales et 80% de la consommation énergétique mondiale : l’Afrique du Sud, l’Allemagne, l’Australie, le Brésil, le Canada, la Chine, la Corée du Sud, la France, l’Inde, l’Indonésie, l’Italie, le Japon, le Mexique, la Russie, le Royaume-Uni, et l’Union européenne.

  • Octobre 2007. Le prix Nobel de la paix est attribué à l’ancien vice-président américain Al Gore et au GIEC

Il récompense « leurs efforts de collecte et de diffusion des connaissances sur les changements climatiques ».

  • Décembre 2007. L’Australie ratifie tardivement le Protocole de Kyoto. Ainsi, seuls les Etats-Unis ont finalement renoncé à le ratifier.
  • 3-14 décembre 2007 (COP13, Bali). Adoption du plan d’action de Bali
  • Décembre 2008 (COP14 à Poznan)
  • 12 décembre 2008 : adoption du « paquet énergie climat » par le Conseil européen
  • 18 décembre 2009 : signature de l’Accord de Copenhague au niveau des Chefs d’Etat lors de la COP15
  • Novembre 2010 : Publication du premier rapport « Emissions Gap Report » par le Programme des Nations unies pour l’Environnement

Ce rapport conclue à l’insuffisance des engagements de réduction des émissions pour atteindre l’objectif des 2°C.

  • 10 décembre 2010 : signature des accords de Cancún (Mexique) lors de la COP16
  • 28 novembre – 9 décembre 2011 : COP14 et CMP4 – Accords de Durban (Afrique du Sud)
  • 20-22 juin 2012. Sommet de la Terre (« Rio+20 »), à Rio de Janeiro, Brésil
  • 26 novembre – 7 décembre 2012 (COP15 et CMP5) : Accords de Doha
  • 31 décembre 2012. Expiration de la première période d’engagement du protocole de Kyoto
  • 2013-2015. Publication du 5e rapport du GIEC et revue de la CCNUCC (2015)
  • Décembre 2014 – COP20 à Lima, au Pérou

Conférence cruciale pour la préparation de la COP21, c’est aussi lors de cette conférence qu’a été créé l’Agenda de l’action, qui associe les acteurs non-étatiques, notamment les entreprises, aux efforts mondiaux pour lutter contre le changement climatique.

  • 12 décembre 2015 : adoption de l’accord de Paris lors de la COP21 au Bourget

Accord universel, ses objectifs, visant à contenir la hausse des températures sous 1,5°-2°C, portent sur la réduction des émissions de gaz à effet de serre, l’adaptation aux conséquences du changement climatique et la mobilisation de financements.

  • 4 novembre 2016 : entrée en vigueur de l’accord de Paris
  • Novembre 2016 – COP22 à Marrakech
  • 8 octobre 2018 : approbation du rapport spécial du GIEC sur les conséquences d’un réchauffement planétaire de 1,5 °C
  • Novembre 2018 – COP24 à Katowice, en Pologne : conclusion et adoption des règles d’application de l’accord de Paris, à l’exception de celles concernant l’article 6.
  • 7 août 2019 : approbation du rapport spécial sur le changement climatique, la désertification, la dégradation des terres, la gestion durables des terres, la sécurité alimentaire, et les flux de gaz à effet de serre dans les écosystèmes terrestres
  • 25 septembre 2019 : approbation du rapport spécial sur les océans et de la cryosphère

 

Pour les détails je vous invite vraiment à consulter le lien qui vous indiquera le contenu des accords pour chaque date et surtout comment les applications ont été réalisées ou pas.

Donc, si l’on résume, la prise de conscience ne date pas d’hier, elle n’est pas du fait d’une seule génération et pourtant, le problème continue de se poser de plus en plus.

Aujourd’hui, l’écologie comme je le disais en préambule est partout, mais je constate aussi qu’elle est devenu :

  • Une force politique
  • Un argument politique
  • Une source de nouvelles taxes
  • La source d’une certaine démagogie sous couvert d’écologie.
  • La source de décisions pouvant parfois être jugées liberticides toujours sous couvert d’écologie.

Prenons des exemples très concrets.

La ville de Paris mène une guerre farouche contre l’automobiliste depuis des années. Réduction des voies de circulation, prix du stationnement prohibitif avec pour seul argument, les parisiens doivent mieux respirer et il y a des alternatives aux transports.

Et pourtant….

Fait constaté encore cette semaine, les bouchons sur le périphérique et les autoroutes qui rejoignent Paris n’ont jamais été aussi nombreux et aussi longs dans une journée :

Voici une capture d’écran du site Sytadin prise ce jour même :

La journée s’annonce donc calme selon le site de référence, et pourtant, la courbe flirte plus avec la zone jaune que la verte.

Mais je découvre que le site met à disposition des vidéos récapitulatives sur des journées entières.

Quoi de plus intéressant.

Je prends donc au hasard la journée du 03 décembre 2020 et je fais une première capture d’écran à l’heure à laquelle les premières zones rouges apparaissent.

Pour celles et ceux qui circulent régulièrement en Ile de France, vous savez que sur le terrain ces zones constituent déjà de fortes difficultés de circulation.

Puis je poursuis l’expérience pour voir à quel moment les zones vont atteindre leur maximal et ensuite baisser en intensité :

A partir de 12h24 de nouveaux incidents apparaissent et les zones de congestions augmentent de nouveau :

Alors, quel est l’objectif de cette petite expérience.

Certainement pas de réaliser une analyse du trafic en Ile de France, je n’en ai pas les compétences, mais juste de rebondir sur ma question initiale, avec une politique écologique aussi forte voire agressive que celle menée par la ville de Paris, pourquoi les bouchons sont-ils presque omniprésents de 06h30 à 12h30 et de 16h30 à 21h00 ?

Peut-être tout simplement parce qu’à défaut d’être justifiée par de réels problèmes d’environnement dus à la pollution automobile, l’approche écologique de la ville de Paris est trop restreinte à son seul périmètre pour être viable.

Si vous circulez le matin dans Paris entre 06h00 et 12h00 les rues sont saturées de poids-lourds, camionnettes assurant l’approvisionnement des commerces, les véhicules lourds de collecte des ordures, autant de véhicules qui a eux seuls crachent plus de fumée noire que des centaines et des centaines de voitures récentes.

Et pourtant tous ces véhicules échappent aux restrictions car sans eux, Paris ne survivrait pas une journée de plus, croulant sous les ordures avec des magasins et restaurants sans approvisionnement.

Alors, les franciliens sont-ils responsables par leur comportement ?

Sommes-nous anti-écolos accrochés à notre voiture en Ile de France ?

Si l’on regarde les chiffres clés du seul RER A :

  • 308 millions de voyageurs par an, soit + 20 % en 10 ans
  • 50 000 voyageurs par heure dans le tronçon central (par sens et aux heures de pointes)

Sources RATP pour des chiffres de 2017 !!!

Près de 845 000 personnes par jour sur le seul RER A en 2017. Difficile de dire que les franciliens ne prennent pas les transports.

Autre exemple encore plus concret :

Fin 2019, nous avons vu fleurir dans de nombreux départements de la petite couronne (93,94 pour ceux où je circule régulièrement), des pistes cyclables sur les routes gérées par les conseils départementaux qui ont tout simplement neutraliser des voies entières de circulation sur des axes majeurs.

Le résultat ne s’est pas fait attendre….

Et pour être sûr de mon propos, vôtre humble et dévoué serviteur s’est posté pendant de nombreuses heures sur l’un de ces axes pour vous fournir les observations suivantes :

Axe Rosny sous bois  (sortie A86) – Villemomble.

Axe saturé dès 07h30 du matin avec un impact évoluant sur l’ensemble des rues périphériques débouchant sur cet axe principal.

Maintien de la congestion jusque vers 11h30.

Reprise de la congestion vers 16h45 jusqu’aux environs de 21h30.

Je me suis promené dans les rues avoisinantes, qui sont essentiellement de petites rues de zones résidentielles à une voie, souvent en sens unique.

Les bouchons commencent parfois plus de 4 kilomètres avant l’accès à l’axe où la piste cyclable a été installée.

Concernant la présence des vélos, j’ai pu compter le passage de 28 vélos sur l’ensemble de mon temps d’observation qui a duré environ 10 heures. Soit, 2.8 vélos par heure pour des bouchons qui n’existaient pas à un tel niveau avant l’arrivée des pistes cyclables.

Le constat est simple :

  • Augmentation significative de la congestion du trafic sur la zone concernée.
  • Elargissement important de la congestion du trafic autours de la zone concernée.
  • Augmentation de la période de congestion sur une journée.
  • Augmentation des conduites à risques (voitures qui finissent par rouler comme des folles sur les pistes cyclabes).
  • Augmentation sensible des échanges houleux entre automobilistes et cyclistes (j’ai assisté à 3 altercations dont deux ont nécessité une intervention des forces de l’ordre).

 

Conclusion de ce constat ? Fallait-il ne rien faire ? Non, certainement pas, pas de cette manière démagogique, politique, électoraliste et aveugle, certainement pas….

Et c’est là que nous atteignons le cœur de mon propos du jour, qui sera magnifiquement illustré par ce reportage édifiant :

La face cachée des énergies vertes – Regarder le documentaire complet | ARTE

 

Quelle écologie voulons-nous vraiment ????

Dans quelques années nos chers dirigeants vont nous imposer des voitures soi-disant propres, écologiques, électriques.

Et pourtant, comment comptent-ils répondre à ces quelques questions ?

  • Comment une population qui bascule de plus en plus vers la pauvreté et la précarité va-t-elle financer des véhicules qui coutent en moyenne bien plus cher : Exemple concret pour une famille de 05 personnes : Véhicule de base moyenne gamme Opel Astra véhicule familiale prix de base 15000 euros. Véhicule « propre » à capacité équivalente GrandLand X Hybride rechargeable : Prix de base 40 000 euros.
  • Quelle filière de recyclage des éléments de batterie de ces véhicules ?
  • Comment est-il prévu de répondre à l’augmentation de la demande en électricité si tous les véhicules en circulation deviennent électrique et se mettent tous en charge le soir et la nuit en même temps ?

 

Le reportage cité est édifiant en ce qui concerne la fabrication de ces véhicules propres.

Métaux rares et graphite des batteries produits essentiellement dans des mines en Asie (Chine) qui sont des catastrophes environnementales sans précédent pires que les usines du 19ème siècle.

Production accrue du cuivre nécessaire en grande quantité dans ces véhicules dans des mines d’Amérique du Sud qui là aussi sont des catastrophes environnementales, rejets de déchets, déforestation, expropriation de populations entières, destructions de terres cultivables, empoisonnement des sols et des nappes phréatiques…. Le reportage dresse une liste édifiante de ce que nos véhicules écolos génèrent.

Et sans aller si loin ….

Le danger des mines de lithium au Portugal

Ou un peu plus loin pour fournir le cuivre dont nos belles autos électrique en besoin bien plus que tous les autres véhicules, là aussi un bel exemple d’écologie déportée à l’autre bout de la planète…..

La mine de cuivre de Chuquicamata

Impacts écologiques de l’exploitation des ressources minières

Alors, je repose la question.. Quelle écologie voulons-nous ? Pouvons nous nous contenter de militer avec force sur nos beaux réseaux sociaux, sur un smartphone dernier cris fabriqué en Chine dans des conditions humaines, sanitaires et écologiques abominables, connecté à un réseau internet qui consomme à lui tout seul des quantités hallucinantes d’électricité sans compter la fabrication de ces millions de serveurs dans le monde entier et de ces câbles qui jonchent le fond des océans pour permettre à nos militants écologiques 2.0 de s’exprimer sur les réseaux sociaux ?

Le fait est qu’au travers de ces quelques exemples pris, et du reportage cité en objet, il en résultat un élément commun, nous n’abordons pas l’écologie sous le bon angle.

Nous aimerions pouvoir faire de l’écologie dans changer drastiquement notre mode de vie.

Quand nos chers parisiens vont enfin pouvoir respirer grâce à toutes ces voitures électriques, ces interdictions de stationnement, ces panneaux solaires à gogo auront-ils une pensée pour ces populations chinoises, indoues, asiatiques, sud-américaines détruites, exploitées, expropriées empoisonnées et sacrifiées pour leur donner leur petit confort, leur air pur et leur bonne conscience après avoir soigneusement trié sa poubelle remplie de produits que des millions d’enfants ne verront jamais que dans leurs rêves ?

Combien de temps allons-nous fermer les yeux sur le vrai problème qui est tout simplement l’homme moderner et son mode de vie qu’il ne veut sacrifier à aucun prix.

Sérieusement, croyez-vous que prendre votre petit vélo pour faire vos 10 kilomètres de trajet vers votre lieux de travail est représentatif du vrai problème écologique. Car dans ce cas, posez-vous la question de la personne dont les revenus ne lui permettent pas d’habiter à proximité de son lieu de travail et qui doit traverser toute l’Ile de France dès 05h00 du matin pour s’y rendre. Elle aurait l’air de quoi avec son petit vélo ?

Quel est l’intérêt de se rendre tous les jours dans un magasin bio avec son vélo et son sac en papier si c’est pour se précipiter aux sports d’hiver toutes les années ou partir en voyage en avion au bout du monde pour assouvir son besoin d’évasion ?

Le problème est que notre approche écologique est tout simplement partielle, aveugle, démagogique et politique.

Elle ne prend pas en compte la problématique dans sa globalité.

Nous avons voulu développer d’immenses centres urbains, avec leurs quartiers d’affaire, leurs banlieues dortoir et leurs zones commerciales démesurées, et nous nous rendons compte maintenant que les mouvements pendulaires massifs induits par ces choix sont des catastrophes écologiques. Et au lieu de prendre le problème à sa racine, nous répondons par plus de taxes, plus de restrictions, plus de contraintes, par une écologie stupide et punitive qui ne peut mener à rien.

Nous fermons les yeux sur ce que deviennent nos déchets même lorsque ces pays « poubelles » nous renvoient nos cargos pleins à ras-bord de ces déchets que nous pensions pourtant avoir triés ?

Nous pensons que le réchauffement climatique s’arrêtera parce que 6 millions de franciliens rouleront à l’électrique et que pour cela il faudra que 60 millions de pauvres asiatiques, sud-américains, africains, indous meurent des mines de métaux rares extraits dans des conditions innommables au cœur de zones infestées de rejets toxiques.

Combien de temps faudra-t-il pour que ces déchets que nous ne voulons pas voir finissent par envahir notre atmosphère et nous retomber dessus ? Polluer les océans et finir sur nos côtes ou dans nos assiettes de poisson « bio » ?

Souvenez-vous, le nuage de Tchernobyl qui n’avait soi-disant pas passé nos frontières.

Alors, pour la dernière fois, je me le demande, quelle écologie voulons-nous vraiment ?

De l’écologie 1

De l’écologie – 1

Réflexion rédigée le 16/12/2020

Ce matin, nouvelle expérience entre deux émissions TV.

Je suis un débat sur France Info portant une fois de plus sur l’écologie.

Sans démagogie, le niveau est atterrant…

Les intervenants ne cessent de répéter en boucle les mêmes choses, on revisite les mêmes lieux communs, on ressort les mêmes arguments chocs, coup de poing qui font peur mais qui en même temps ferment la porte à tout vrai débat.

Ce n’est pas un débat, pas de questions qui amèneraient une autre approche, une autre réflexion, pas de réponses forcément, juste le même discours que l’on nous sert inlassablement depuis des années.

Suis-je climato-sceptique ? Anti-écolo donc contre ma planète et l’avenir de mes enfants pour reprendre l’argument favori des écologistes de plateau ?

Non, pas le moindre du monde.

J’ai juste besoin de voir les choses sous un autre angle parce que je suis désormais intimement convaincu que le problème écologique et réel, imminent, critique, mais que nous l’abordons de la pire des manières qui soit.

Ecologie punitive, politique, dogmatique, aveugle… voilà mon ressenti à l’écoute de ces débats interminables qui n’apportent aucune réponse à rien et ne font juste que meubler des heures d’audimat.

Je change de chaine, et je tombe par un étrange hasard sur ce reportage déjà vu sur Arte : « La face cachée des énergies vertes ».

Comment ne pas mieux tomber pour sceller mes questions, mes inquiétudes mais aussi mon ressentiment vis-à-vis de cette démagogie politique et de communication qui ne mène à rien.

En écrivant ces lignes le reportage diffuse une interview presqu’ubuesque de la porte parole d’Engie mise en confrontation avec leurs projets de centrales à charbon au Chili alors que le groupe prône la transition vers la décarbonisation… Questions incisives, réponses vides, de communication bien préparée qui botte systématiquement en touche, bref, rien de nouveau sous le soleil, la machine à mentir fonctionne à plein régime. Mais nous le savons bien, derrière tout ceci, tout n’est que marketing, finances, capitalisme…

Suite du reportage… Oslo et son projet de tout électrique…

Quelle fierté pour les Norvégiens d’afficher sa vertu écologique…

Et dans la foulée, c’est un Norvégien qui lui-même dénonce l’hypocrisie.

L’écologie Norvégienne s’arrête aux frontières Norvégiennes.

Il ne vaut mieux pas savoir dans ce cas où et comment sont produites les batteries de leurs belles voitures électriques, il vaut mieux cacher que la Norvège est le 7ème exportateur mondial de pétrole et de gaz qui finance leur belle politique écologique alors que les autorisations d’exploitation sur leur territoire artique de nouveaux gisements se multiplient ?

Je relève un mot choc : La Norvège mène une politique schizophrène… mais est-elle la seule ?

Mais revenons en France…

Notre cher président assène que dans 10 ans toutes les voitures thermiques seront interdites, qu’il faut passer à l’électrique…

Quelle belle perspective lorsque l’on sait qu’un nombre croissant de Français ne peut même pas payer ses factures d’énergies vitales (eau chaude, chauffage) ….

Quelle belle perspective pour les industriels qui vont pouvoir vendre leurs magnifiques voitures écologiques faite de cuivre issue de mines au Vénézuela qui n’ont rien d’écologique, de batteries remplies de métaux rares et de graphites extraits dans des mines en Chine dignes des industries de la fin du 18ème siècle et surtout 30 à 40 % plus chères que les véhicules actuels.

Notre pays plonge dans la pauvreté, des classes entières de travailleurs basculent en situation précaire à chaque année et pendant ce temps nos dirigeants font des plans sur la comète à grands coups de mesures restrictives et contraignantes hors de prix….

Primes de 5000 euros pour acheter un véhicule qui en coute en moyenne 15000 d’occasion pour un petit modèle et 40000 pour un modèle neuf tout électrique.

Je pense que ces petits ménages surendettés qui comptent le moindre centime pour faire manger leurs enfants vont apprécier l’aide substantielle de l’état dans leur chute en enfer.

Peut-être est-ce cela le plan de nos gouvernements au final ? Les pauvres ne se déplacent plus, ils meurent dans leur coin sans émettre de gaz à effets de serre, pari gagné, les générations d’avenir sont sauvées, du réchauffement climatique certes, mais survivront-elles à la pauvreté ? Et je ne parle pas de ces pays où des populations entières sont sacrifiées pour produire notre conscience écologique.

Nouveau constat choc du reportage : En retraçant toute la chaine de conception et d’utilisation des véhicules électriques, ces véhicules polluent autant voire plus que les véhicules thermiques.

Ça fait peur non ?

Mais alors que faire ? Sommes-nous impuissants ?

Je ne le pense pas, sauf que l’effort à faire pour réaliser une vraie transition écologique est peut-être bien au-delà de nos capacités à l’accepter.

Le problème vient de notre mode de vie, celui du 20ème et du 21ème siècle, des dizaines de PC, portables, tablettes, smartphones dans chaque foyer des pays dits « développés » connectés à des box toujours plus rapide qui s’appuient sur des infrastructures toujours plus conséquentes, toujours plus gourmandes en énergie, toujours plus anti-écologiques. Ce simple aspect de notre vie quotidienne dont je suis sûr que moins d’une personne sur 10 accepterait de se séparer est en soi un problème écologique.

Comment imposer à une famille avec enfants de se déplacer à vélo lorsque les prix de l’immobilier l’obligent à se loger à des dizaines de kilomètres voire plus de leur lieu de travail et parfois des écoles ?

Nous avons créé un système de fonctionnement de notre société qui a fait volé en éclat le modèle du siècle dernier où tout pouvait se faire dans un rayon de quelques kilomètres de notre domicile, vivre, manger, travailler, étudier, se divertir.. Nous avons échangé ce système pour un système basé sur les déplacements, déplacements pour aller à l’école avec la fermeture des écoles de proximité pas assez rentables, déplacements pour se soigner avec la fermeture d’hôpitaux et services là aussi pas assez rentables, déplacements pour consommer et se nourrir avec la création des zones commerciales géantes et la disparition progressive des commerces de proximité, déplacements pour travailler avec le regroupement de toutes les entreprises dans des zones parfois situées à des dizaines de kilomètres ou bien plus encore, déplacements pour se divertir, parcs de loisirs, voyages, fermetures des cinémas locaux pour des multiplexes excentrés… en clair, nous avons mis le déplacement au cœur de notre mode de vie et maintenant nous crions au loup parce que ces déplacements polluent ?

Alors, au lieu de changer ce qui provoque ces mouvements pendulaires massifs et polluants, nous contraignons, nous imposons, nous punissons ces vilains pollueurs qui se déplacent pour vivre sans se poser la question de savoir si nous leur avons laissé le choix de le faire.

Que changent les pistes cyclables qui fleurissent dans les villes de banlieue lorsque l’on sait que les ¾ des habitants de ces villes doivent parcourir plusieurs dizaines de kilomètres pour aller travailler après avoir déposé leurs enfants et leur sac d’école de 15 kg à leur école ? Rien, si ce n’est créer plus de bouchons, plus d’accident, plus de pollution, plus de stress, plus de délais pour arriver à l’heure au travail.

Pour que ce genre de dispositif soit réellement efficace il faudrait que tous ces trajets que l’on doit faire au quotidien puissent être décemment réalisés en vélo.

Et que dire de ces vélos électriques qui font le bonheur de ces nouveaux écolos des villes tout content de se montrer dans leur grandeur verte avec leur belle batterie électrique, vous vous souvenez, celle qui contient tous ces métaux rares venus du bout du monde… mais ça, j’oubliais, on s’en fout, ce n’est pas chez nous.

Sommes-nous donc naïfs au point de croire que la pollution d’Amérique du Sud, d’Asie, où sont produit nos beaux produits verts dans des conditions noires, où sont envoyés des milliers de tonnes de nos ordures que nous pensons pourtant recyclées et qui n’existent plus parce que nous ne les voyons plus, ne constitue pas un élément clé de la pollution de notre échelle planétaire ?

On appelle cela le syndrome du nuage de Tchernobyl qui s’est gentiment arrêté à la frontière Française.

J’aime beaucoup le discours de ces écolos de bonne conscience qui font la morale à tout le monde, méprisant ceux qui roulent en voiture et pas en vélo, qui vont au supermarché au lieu d’aller au marché bio, avant de partir aux sports d’hiver pour Noël et s’envoler à l’autre bout du monde en avion pour « décompresser » en été ou plus souvent.

La première démarche écologique serait peut-être tout simplement d’arrêter cette hypocrisie qui devient insupportable. Nous avons depuis longtemps ouvert les yeux sur la catastrophe qui s’annonce, mais nous refusons de les ouvrir sur les vraies causes de cette catastrophe.

Nos chers amis parisiens veulent bien interdire les voitures polluantes dans leur belle ville et qui les empêchent de respirer, mais surtout pas poids-lourds, camionnettes de livraison et autre diesels géants archaïques qui livrent et approvisionnent tous les jours leurs précieux bars et restaurants où ils pourront se rendre en vélo ou à pied avec les quelques 1 ou 2 kilomètres à faire tandis que le vilain pollueur de banlieue fera ses 30 ou 40 kilomètres pour rentrer chez lui.

Constat amer, nous ne faisons pas d’écologie, nous mettons un masque vert sur le capitalisme, c’est encore pire….

Voyage au bout de la nuit (Louis Ferdinand CELINE)

Voyage au bout de la nuit

par Louis-Ferdinand Céline

Résumé

 

Voyage au bout de la nuit est le premier roman de Louis-Ferdinand Céline. Il est publié en 1932 en France. Il manque de peu de remporter le prix Goncourt mais glane le prix Renaudot.

L’histoire est largement inspirée de l’expérience personnelle de Céline (de son vrai nom Destouches) lors de la Première Guerre mondiale qu’il a vécue. Il la dépeint à travers les yeux d’un narrateur s’exprimant à la première personne, Ferdinand Bardamu (il reprend donc un de ses prénoms), sous l’apparence d’un« abattoir international en folie », afin de mieux décrire son absurdité. Le récit présente également la seule manière que l’écrivain estime possible d’échapper à cette guerre : la lâcheté. Il rejette donc toute idée d’héroïsme et préfère représenter la guerre par la mise en évidence de la pourriture humaine, qu’il compare avec un gant qui serait retourné et donc dévoilé de l’intérieur au grand jour. Le narrateur parcourt aussi une partie du monde, allant de l’Afrique à l’Amérique.

 

Le récit à la première personne débute à Paris place Clichy en 1914. On y retrouve le héros(ou plutôt antihéros), Bardamu, jeune homme au caractère rebelle. Bardamu est charmé par la musique d’une parade militaire, et s’engage dans l’armée de son pays contre les Allemands.

Il rejoint le front où il se rend compte de son erreur. Il y découvre l’horreur des combats de la Grande Guerre, ainsi que l’humiliation hiérarchique dans des batailles absurdes où se multiplient les morts, ne comprenant pas les raisons qu’il aurait de tirer sur l’ennemi.

Parmi ses compagnons d’infortune, Bardamu rencontre Robinson avec qui il projette de déserter, projet qui tombe à l’eau. Rapidement blessé, il prend mieux conscience de la mort, et il est envoyé dans un premier hôpital puis transféré dans un autre à Paris. Là, entouré de civils et de personnel soignant, il se rend compte que tout le monde participe à cette « sale guerre », ce qui renforce le caractère absurde de cette boucherie.

Sa seule envie est de fuir ; il prend conscience qu’il est lâche, mais que seule la lâcheté peut lui permettre de s’en tirer face au non-sens de la guerre. Inapte à retourner au front, il est réformé et décoré d’une médaille militaire.

Il rencontre des femmes, comme Lola, une infirmière américaine, ou Musyne. Puis Bardamu décide de partir pour les colonies en tant que gérant de comptoir commercial à Fort Gono, à bord de l’Amiral Bragueton. Après celle de la guerre, il est confronté à l’horreur de l’exploitation coloniale et à la brutalité des colons blancs.

C’est à Bicobimbo où il s’installe qu’il recroise son compagnon Robinson. Quelque temps après Bardamu tombe malade, il est atteint de folie. Il quitte donc l’Afrique« à demi-mort » pour les États-Unis à bord d’une galère espagnole. Arrivé à Ellis Island où est effectué le contrôle sanitaire des migrants, il n’est pas déclaré « sain » et se retrouve en quarantaine, puis déjoue ce contrôle en se faisant passer pour un agent compte-puces.

Bardamu erre quelque temps dans New York, pauvre et malade, où il retrouve Lola à qui il prend un peu d’argent, avant de partir pour Détroit, ville industrielle de l’automobile, où il espère travailler chez Ford. Il est embauché mais le travail à la chaîne est infernal.

C’est à Détroit qu’il rencontre Molly, jeune prostituée qui tombe amoureuse de lui. Se rendant compte de la difficulté du travail à l’usine, elle lui fait quitter Ford et l’héberge chez elle. Bardamu n’y reste pas longtemps et reprend la route pour découvrir le pays. Puis relativement déçu il rentre à Paris.

De retour en France il étudie la médecine et s’installe comme médecin à Rancy, une banlieue sale et pauvre. Il continue à vivre chichement. Mais pire est l’état de ses patients : entre leur misère matérielle, la mesquinerie de certains ou encore la cupidité, il prend conscience de la misère humaine qui est réelle, autant en France, en Afrique, qu’aux États-Unis. Bardamu vit très mal la mort de Bébert, un petit garçon atteint de la typhoïde, pour qui il avait de l’affection et qu’il avait tenté de sauver en vain, échec qui montre les limites du progrès de la médecine dans laquelle il fondait tant d’espoirs. C’est sa vision de l’homme qui en est affectée, mais aussi sa vision de lui-même.

Puis il est confronté à une histoire plus sombre encore. Robinson est de retour, et ce dernier, contre de l’argent, a accepté d’assassiner une vieille dame. Les époux Henrouille, que Bardamu connaît bien, pour hériter de la mère de l’un d’eux, décide de la faire tuer. Robinson accepte la mission et prévoit de tuer la vieille dame en faisant exploser une petite bombe. Mais il se blesse au visage et perd la vue. Les Henrouille font appel à Bardamu pour faire soigner son ami Robinson, mais aussi la vieille dame, qui doit retourner à Toulouse. Robinson l’y accompagne.

Bardamu quitte la banlieue pour travailler avec une troupe de music-hall où il est figurant. Ses aventures le mènent dans le sud de la France, jusqu’à Toulouse. Dans l’entourage de la troupe, Bardamu rencontre des prostituées puis retrouve son ami Robinson, toujours souffrant des yeux, avec qui il va vivre.

Robinson se fiance avec Madelon alors que Bardamu devient son amant. Robinson finit par achever sa mission et tue la vieille Henrouille en la poussant dans les escaliers.

Le narrateur retourne à Paris où il redevient médecin dans un hôpital psychiatrique et se lie d’amitié avec Baryton, directeur de l’établissement. Mais Baryton va mal et sombre peu à peu dans la folie. Il annonce à Bardamu sa décision de parcourir le monde dans l’espoir d’aller mieux et laisse la responsabilité de gérer son hôpital au narrateur.

Tel un leitmotiv dans la vie de Bardamu, Robinson reparaît, enfin guéri des yeux ; il ne souffre plus. Alors que Madelon et lui sont fiancés, il avoue à Bardamu qu’il ne l’aime plus, et qu’il cherche à la fuir, car elle le poursuit de sa passion amoureuse. Bardamu cache Robinson lorsqu’elle arrive. Bardamu pour sa part a retrouvé une maîtresse, Sophie, une infirmière de la clinique. Il refuse ainsi les avances de Madelon, son ancienne maîtresse, et essaie de la réconcilier avec Robinson. Pour ce faire, il organise une sortie à la fête des Batignolles tous ensemble, ce que Robinson refuse catégoriquement, exprimant toute la haine qu’il éprouve pour celle qu’il a aimée par le passé. Alors que Robinson vient avec eux finalement, Madelon lui tire dessus par trois fois au pistolet dans un taxi.

Après la mort de son ami, Bardamu sombre dans la peine, et finit au bord d’un canal. La dernière image retranscrite par le narrateur est celle d’un bateau qui siffle au loin. Bardamu l’implore de manière imagée de tout emmener, maintenant qu’il ne lui reste plus grand chose : « tout , qu’on n’en parle plus ».

Louis-Ferdinand Céline

Chronologie : Vie &
Regards sur l’œuvre

1894 : Louis Ferdinand Destouches dit Louis-Ferdinand Céline naît à Courbevoie, dans la banlieue
parisienne. Son père est un homme lettré, dessinateur satirique amateur, employé
dans une maison d’assurances, dont le propre père avait été agrégé de lettres. De
1899 à 1907, l’enfant grandit passage
Choiseul
 à Paris, où sa mère tient un magasin de dentelles. Élève médiocre que ses parents
destinent au commerce, il fait des séjours linguistiques en Allemagne et en
Angleterre. Il est placé en apprentissage
dans le commerce des tissus puis la joaillerie. En 1912, par devancement d’appel, il s’engage dans un régiment de
cuirassiers
. En octobre 1914, alors
maréchal des logis, il fait partie
des premiers blessés au combat –
blessé au bras droit il prétendra que c’était à la tête et qu’il a été trépané.
Il est déclaré invalide à 75 %,
pose en héros dans L’Illustré national et
reçoit la médaille militaire et la croix de guerre. Démobilisé, il est affecté
au consulat français de Londres où il fréquente des milieux
interlopes. En 1916, engagé par une
société commerciale, il devient surveillant
de plantation
 au Cameroun pour
près d’un an. De retour en France il vit d’expédients avant de passer son baccalauréat et d’entamer à Rennes des études de médecine en 1919.
Il écrit alors des poèmes, une farce.

1924 : Ayant bénéficié de programmes allégés réservés aux anciens
combattants, Destouches termine ses études de médecine avec une thèse intitulée La Vie et l’Œuvre de Philippe
Ignace Semmelweis
, qui paraîtra sous le titre Semmelweis en 1936. Il y raconte le destin tragique d’un médecin hongrois (1818-1865) qui,
anticipant Pasteur, avait préconisé le lavage
des mains
 au chlorure de chaux dans une maternité où il avait observé que le taux de fièvre puerpérale
augmentait en fonction de la présence d’étudiants, et que la maladie semblait
suivre leurs pas entre les salles de dissection et d’accouchement. Il rencontra
cependant l’hostilité du monde médical, fut révoqué deux fois, et même quand il
put ouvrir sa propre clinique on l’empêcha de prouver ses thèses, si bien que,
de caractère déjà irascible, il devint fou
et mourut d’une blessure qu’il s’infligea. L’auteur livre ici un récit
captivant, d’un style toutefois encore assez classique.

À l’issue de ses études, Destouches devient médecin hygiéniste pour la Société des Nations à Genève. Dans ce cadre il multiplie les missions à l’étranger : États-Unis
– où la visite des usines Ford le marque –, Cuba, Canada, Europe, Afrique. En 1927,
tout en restant affilié à la SDN, il ouvre un cabinet à Clichy, assure
des vacations au dispensaire municipal et se montre
constamment préoccupé de médecine
sociale
. Il multiplie les activités en lien avec la médecine pour compléter
ses revenus. Il aurait commencé à écrire le Voyage
en 1929.

1932 : Celui qui n’est encore qu’un médecin de banlieue de trente-huit ans abasourdit la critique quand paraît, chez le jeune éditeur DenoëlVoyage au bout de la nuit sous le pseudonyme de Céline,
emprunté à sa grand-mère. Ce roman autobiographique raconte les tribulations à
travers le monde d’un certain Ferdinand
Bardamu
, héros à la fois cynique
et pitoyable : il connaît
d’abord l’horreur de la Grande Guerre,
puis il passe en Afrique où il est témoin des méfaits du colonialisme sur une population quasiment réduite en esclavage. À New York il vit au plus près les
conditions de vie des émigrants, avant de se faire le témoin des procédés de
travail à la chaîne chez Ford. Revenu en France, où il s’installe comme médecin
dans une commune miséreuse, il reçoit une patientèle rongée par la
malnutrition, l’alcoolisme, souffrant de fièvres chroniques et se livrant à des
avortements clandestins. Il se fait ensuite embaucher par un hôpital
psychiatrique. Plutôt que de former une histoire continue, le récit s’égrène en
épisodes narratifs et l’œuvre se
distingue par un style innovant,
l’écrivain faisant entrer en littérature, dans des proportions jamais vues, la langue populaire, orale, de nombreux
gros mots, un argot que l’écrivain a
en partie appris avec son ami le peintre Gen Paul. La syntaxe apparaît désarticulée,
et les évocations sexuelles et scatologiques sont légion. Le héros,
tout en se faisant le porte-parole des humbles, les ridiculisent. Mais il ne
fut presque pas question de son style à la sortie de l’ouvrage, et la
communauté littéraire de tous bords trouva des raisons diverses de
l’apprécier : à gauche (Nizan, Trotski,
Aragon) on louait la critique sociale,
la mise en lumière de l’exploitation de l’homme – et un hommage à Zola rendu
par Céline en 1933 contribuera à se leurrer sur ses orientations –, et à droite (Daudet, Bernanos), on croit
lire une épopée humaniste en raison
du retour constant dans l’œuvre d’images de misère et de mort. Cette œuvre
scandaleuse, météoritique dans le ciel de l’édition française, fut donnée
favorite pour le prix Goncourt dont les jurés restèrent pusillanimes malgré les
efforts de Léon Daudet ; le prix
Renaudot
 apparut alors comme un lot de consolation.

1933 : Céline avait écrit la comédie satirique
en cinq actes L’Église en 1926, avant le Voyage
donc, qu’elle annonce par son contenu. En effet il y est déjà question d’un docteur Bardamu, lequel passe de
l’Afrique aux États-Unis, puis au siège de la Société des Nations à Genève et
enfin dans une clinique de la banlieue parisienne. Le héros se trouve
constamment confronté à un cynisme
général
 et exprime une tendresse
pour les enfants et les gens simples. Le style de Céline n’y est pas encore
tout déployé, il est encore mêlé de langue classique, mais on trouve déjà des monologues typiquement céliniens. La
pièce sera représentée à Lyon en 1936 mais Céline, qui finira par
reconnaître qu’il n’était pas un homme de théâtre, ne renouvellera pas
l’expérience.

1936 Mort à crédit apparaît comme un antiroman d’éducation ; l’auteur y revient en effet, toujours
sur le mode de l’autobiographie romancée,
même caricaturée, fabulante, sur ses années de jeunesse dont il fait une chronique noire. Il romance notamment
ses années passées passage Choiseul
– qu’il appelle le « passage des Bérésinas » –, galerie couverte où
un Paris populaire de petits commerçants et artisans respire un air chargé de
gaz d’éclairage. Quittant l’école le tout jeune Bardamu se retrouve en apprentissage comme manutentionnaire,
puis représentant d’un joailler. Il fait ensuite un séjour linguistique en Grande-Bretagne avant de se faire bannir de
sa famille et de rencontrer un scientifique
éditeur de revue – inspiré d’Henry de Graffigny qu’avait connu Céline en
1917-1918 –, escroc qu’il suit dans
ses aventures à la campagne, où les deux hommes transforment les enfants qu’on
leur confie en sauvageons. Après le suicide de son « mentor », le
jeune Bardamu s’engage dans l’armée, et le lecteur se retrouve au début du Voyage. Toutes les expériences que fait
l’adolescent sont d’un sordide
consommé ; il se trouve exploité, volé, et même violé. Le récit extrêmement cru, au naturalisme outrancier, qui ne
délivrait plus aucun message, qui montrait du mépris même pour tous les idéaux
et ne proposait plus qu’une révolution
langagière
, choqua beaucoup. La syntaxe
célinienne se délite
 ici en effet un peu plus, l’histoire se déployant au
gré de petites unités de sens que
séparent des points de suspension de
plus en plus fréquents. Ce phénomène s’accentuera encore avec Guignol’s Band. Le lecteur se voit sans
cesse interpelé par
l’auteur-narrateur qui cherche à l’impliquer
dans ses réactions affectives en
restituant, au gré d’une énonciation pulsionnelle,
les émotions dans une langue qui les miment au plus près. Céline propose ainsi
un nouvel art romanesque ; le
roman pour lui n’a plus vocation à émettre des idées ni même à raconter des
histoires. Et Mort à crédit apparaît comme
un chef-d’œuvre comique, poussant la
dérision et la désillusion à leur comble, en présentant un monde de l’enfance qui
n’a rien d’enchanté.

La critique qui avait apprécié ce qui
ressemblait à des dénonciations dans le Voyage
découvre ici avec surprise un stylicien
sans idéologie
, signe d’un malentendu qui a perduré. C’est encore le Voyage qui est l’œuvre la plus lue, la
plus appréciée de Céline, alors que l’auteur lui-même la prisait peu, jugeant
même son style vieillot et timide. L’écrivain sera blessé par l’accueil froid
réservé à ce deuxième roman et se consacrera pour un temps à des pamphlets.

Toujours en 1936,
la même année que Retour de l’U.R.S.S. d’André
Gide, après son séjour en URSS où il est parti dépenser les droits d’auteur de
la traduction russe du Voyage, Céline
publie un premier pamphlet, très
court, Mea Culpa, au propos anticapitaliste,
antibourgeois et anticommuniste.
L’auteur développe une image noire, pessimiste de la nature humaine et de son
avenir, auquel les égoïsmes de chacun nuiront invariablement selon lui. S’y
fait jour l’idée que le communisme
aurait été engendré par un complot juif
de grande ampleur, selon une ancienne idée de droite. Ses propos contre les
peuples « négrifiés » situés « au-dessous de la Loire »
sont d’une extrême violence.

1937 : Pour certains, le pamphlet Bagatelles pour un massacre est une
tache suffisamment noire dans l’œuvre de Céline pour rayer son nom de la liste
des grands auteurs du XXe siècle. L’auteur, passionné de musique et de danse, avait écrit l’argument
d’un ballet
, et ses essais infructueux pour le faire mettre en musique et
monter le font imaginer que les Juifs sont responsables de son échec. De là –
et de bien ailleurs sans doute – un flot impétueux d’insultes et de théories
présentant les Juifs comme des
croisés de nègres et de Mongols, des « Judéo-Mongols », des « sous-hommes » qui colonisent la
France et imposent leurs lois aux Français qui leur sont pourtant bien
supérieurs. Il en a également après la Russie
communiste
 – où l’on n’a pas voulu de son ballet –, et il se livre à
certaines digressions, notamment quand il parle, plus heureusement, des
conférences internationales.

1938 : Céline poursuit le « massacre » avec un autre pamphlet, L’École
des cadavres
, continuant d’invectiver les Juifs, les Français enjuivées, les Russes communistes,
mais encore les francs-maçons, les
cocus… avec une outrance telle que des antisémites et des fascistes que les Bagatelles avaient peu dérangés en
ressentir une gêne. Il considère les tentatives d’union des Israélites, dans un contexte de
persécutions, comme une preuve de leur volonté
d’impérialisme
, et son goût pour les
Allemands
 le pousse à regretter le démembrement de l’Empire de Charlemagne
et que la France ne soit plus unie à sa voisine. Une de ses thèses est que les
financiers juifs new-yorkais préparent une nouvelle guerre mondiale pour
s’enrichir sur le dos d’une Europe ruinée à reconstruire. Cette œuvre vaudra à
Céline et à Denoël une condamnation pour
diffamation
 en 1939. Céline
publiera un troisième et dernier pamphlet antisémite en 1941, Les
Beaux Draps
, qui se fait l’écho de la débâcle et où s’exprime toujours sa sympathie pour les Allemands,
qui sont alors des occupants, ainsi que son mépris de la démocratie parlementaire.

Pendant la Première Guerre mondiale, Céline est
médecin à bord d’un paquebot, puis en 1940 médecin-chef du dispensaire de
Sartrouville, et enfin attaché au dispensaire de Bezons (Val-d’Oise) jusqu’en
1944. Il s’est installé à Montmartre
en 1941. S’il ne collabore pas
directement avec les nazis, il envoie des articles
violemment antisémites à des journaux collaborationnistes.

1944 : Avec Guignol’s Band, puis Le Pont de Londres (ou Guinol’s
Band II
) écrit tout de suite après mais qui ne paraîtra qu’en 1964, le
héros de Céline, Ferdinand, conduit le lecteur à Londres pendant la Première
Guerre mondiale
. Il s’agit d’une pongée
hallucinée
 dans le milieu de la prostitution
via Cascade, l’oncle d’un ami du héros, et des petits trafics, au gré de rencontres de personnages fantasques : l’acolyte de Ferdinand, Boro, un
chimiste fasciné par les engins explosifs ; un prêteur sur gages obsédé de
musique s’habillant à l’orientale ; un général envisageant de se
lancer dans la production de masques à gaz, etc. Bardamu tombe également follement
amoureux d’une adolescente. Le tout semble procéder, souvent, d’un délire alimenté par la drogue et l’alcool. Le style de Céline s’affute encore, entre exagérationburlesque et amertume.

À la mi-juin
1944
, devant la défaite imminente de l’Allemagne et avec l’intention de
rejoindre le Danemark, pays neutre où il a fait virer de l’argent, Céline part
avec sa femme – Lucie Almanzor dite Lucette, épousée en troisième noce l’année
précédente – pour Baden-Baden avant
d’arriver en octobre à Sigmaringen,
où se retrouvent le gouvernement français en fuite et nombre de collaborateurs ;
ils y restent cinq mois. Il rejoint Copenhague
en 1945 et suite à une demande
d’extradition de la France il se retrouve incarcéré quatorze mois durant.
Libéré en 1947, du Danemark, il entreprend des démarches pour se trouver un nouvel éditeur, via Jean Paulhan et
Pierre Monnier, jeune admirateur de son œuvre. Il se démène aussi pour être
innocenté des accusations de trahison qui pèsent sur lui.

1949 Casse-pipe, texte inachevé qui devait offrir une suite à Mort à Crédit, paraît grâce à la maison
d’édition créée par Pierre Monnier exprès pour publier Céline. On retrouve
ainsi Ferdinand qui, comme il l’annonçait à la fin du roman, s’est engagé, et l’auteur
s’attache ici à caricaturer la vie militaire en reconstituant la première nuit d’une jeune recrue à la caserne, en décrivant les marches lugubres au pas cadencé, la bêtise de sous-officiers soûlards, multipliant les longs monologues rageurs.

En 1950,
l’écrivain est condamné par la cour
de justice de la Seine pour « actes de nature à nuire à la défense
nationale » et déclaré en état
d’indignité nationale
. Il est amnistié
par le tribunal militaire en 1951,
en raison de son statut d’ancien combattant, et revient en France très marqué
physiquement par les épreuves endurées. Il acquiert un pavillon à Meudon où il continue
de pratiquer la médecine. Il y vivra jusqu’à sa mort avec son épouse, entouré
de nombreux chiens.

1952 Féerie pour une autre fois raconte le séjour dans les geôles
danoises qu’a fait Céline entre 1945 et 1947. Ici Bardamu se fond dans
l’auteur, devenu lui-même plus explicitement personnage. Se sentant délaissé,
meurtri, trahi même, Céline fait alterner son texte entre rêveriesdéliresfantômes et hantises. Il parle de ses conditions de détention, des quelques
mois avant son départ de Paris, alors qu’il pratiquait encore la médecine à son
appartement de la butte Montmartre, de la jalousie des autres écrivains à son
égard. Le roman, première œuvre de Céline à paraître chez Gallimard, où lui a été fait un pont d’or, sera un échec critique et public.

1954 : Le deuxième tome de Féerie pour une autre fois, intitulé
Normance
sur la pression de son éditeur, décrit d’une manière très vivante, hallucinée,
un bombardement qu’a vécu Céline
dans son immeuble montmartrois, rue
Girardon. Il se compare dans l’œuvre à Pline l’Ancien rendant compte de l’éruption
du Vésuve. Au début du roman, il subit une chute, et tout le reste du texte est
marqué par son délire, souvent paranoïaque, car il pense que les gens
autour de lui veulent l’agresser. Sont présents sa femme Lili, son chat Bébert,
un fort de la halle appelé Normance, ainsi que le cul-de-jatte Jules, réfugié
au sommet du Moulin de la Galette, qui paraît à Céline orchestrer le
bombardement des forces alliées et que l’écrivain insulte copieusement. De
nombreuses redites marquent le
roman, mimant la répétition des bombes
que Céline présente aussi bêtes que les hommes. À nouveau l’œuvre paraît dans
l’indifférence générale. L’œuvre de
Céline, sans thèses et sans idées, fondée sur l’élaboration
d’une « petite musique »,
apparaît à contre-courant alors que la littérature engagée et l’existentialisme
font la une de l’actualité littéraire.

La même année paraissent dans La Nouvelle Revue française (en volume
l’année suivante) les Entretiens avec le professeur Y. Il
s’agit d’une interview fictive entre
l’écrivain Céline et le « professeur Y », censé mener l’entretien mais
qui, caricature d’un agrégé de lettres, particulièrement anxieux, est constamment
moqué par Céline. Plus loin dans l’interview il s’avèrera franchement paranoïaque :
il serait en réalité le « Colonel Réséda » et sujet de persécutions. Convaincu
par son entourage, Céline déclare avoir décidé de se vendre le temps d’une
interview – et réellement, l’ouvrage fait partie d’une stratégie publicitaire, d’une entreprise d’explication de son œuvre et de réhabilitation
–, pour susciter un engouement nouveau autour de sa personne ; et
Céline de vanter son génie, dont il
s’est rendu compte un jour qu’il était dans le métro dit-il, son invention de « l’émotion,
prétend-il, dans le langage écrit » ; et de critiquer l’avide Gaston
Gallimard, les gens de l’éditionLa Nouvelle Revue française, ses concurrents – des conformistes, des jaloux – ; et de se présenter en artiste persécutéincompris
de son vivant, et dont les générations suivantes se serviront comme modèle. Il
déplore de manière générale le sort réservé à la littérature, aux artistes méconnus
de leurs contemporains ne pouvant vivre de leur plume. Il invite en outre les
écrivains à se laisser influencer par le cinéma,
et parle de l’usage de l’argot ou
encore de l’amour.

1957 : Céline entame ce qu’on appelle sa « trilogie allemande », qui suscite à nouveau l’intérêt du
public et des critiques, avec D’un château l’autre. Il est
interviewé à la radio et passe même à la télévision. Dans ce premier volume, après
avoir, comme de coutume, fustigé les
éditeurs avides – qui le forcent à
écrire, et auxquels il obéit puisque sa patientèle, pauvre, ingrate, ne suffit
pas à le faire vivre –, l’intelligentsia
– Sartre (lequel a fait, en 1948, l’objet du court pamphlet À l’agité du bocal), Aragon, Malraux,
Maurois ou Morand en prennent pour leur grade –, Céline raconte sa fuite de Paris lors de la Libération,
puis ses séjours « d’un château l’autre », c’est-à-dire à Sigmaringen puis dans une forteresse-prison danoise. À
Sigmaringen, il est accompagné par toute une foule de Français représentative
de la France collaboratrice, et Céline de livrer des portraits féroces de personnages
historiques
 – Pétain et Laval au premier chef –, de décrire leur grotesque, leur mesquinerie, leur vanité,
le pitoyable de leur situation et l’insalubrité régnante en ces lieux, si
bien que la coutumière outrance célinienne verse dans un burlesque de farce.

1959 : Intrus dans l’œuvre de Céline, mais peut-être révélateur de l’être
profond de l’écrivain, les Ballets sans musique, sans personne, sans
rien
 apparaissent comme un ouvrage guilleret
grâce auquel on peut imaginer à quoi auraient ressemblé les arguments de
ballets de Céline une fois mis en musique et montés. S’il s’y montre misanthrope, c’est avec malice, et s’y
font jour un caractère affable et un goût conservé pour la féerie.

1960 Nord, deuxième volée de la trilogie allemande, raconte la fuite de Paris de Céline avec sa femme
Lili et son chat Bébert, pour Baden-Baden,
puis Berlin où ils sont les seuls
occupants d’un hôtel délabré tenu par un paysan sibérien. Le trio intègre
l’acteur La Vigue, rencontré au bureau des visas, et Céline se résout à trouver
refuge chez une vieille connaissance qui le fait vivre confortablement dans un
vaste souterrain, avant que cet ami ne le case à la campagne, dans un hameau où
les Français sont traités en parias et où règne la faim. Puis l’écrivain finira
par rejoindre le Danemark. À nouveau les descriptions d’un univers en ruinesgrotesque,
alternent avec les plaintes de
l’écrivain
 se sentant trahi, irrité du sort qu’on lui a réservé à l’issue
du conflit.

1961 : Louis-Ferdinand Céline meurt
à soixante-sept ans à Meudon d’une congestion cérébrale. Il venait de terminer Rigodon,
troisième et dernier volet de sa trilogie allemande, où il raconte son trajet vers Copenhague, d’une gare ravagée, d’un train délabré l’autre, évoquant ses compagnons de route éphémères – un docteur grec et une sœur en
charge d’un groupe de lépreux, un cortège d’enfants handicapés mentaux qui lui
sont confiés par une Française agrégée d’allemand –, entrecoupant constamment
le récit de ses plaintes de 1960, prophétisant le déferlement des Chinois sur la France et la disparition de la race blanche avec la complicité des religions
établies.

Céline se défendait de vouloir faire passer des
idées dans ses romans, il comptait seulement s’adresser à l’affectivité de ses lecteurs, en lui présentant un monde absurdeburlesque et pathétique,
à rebours de tout point de vue rationnel, de tout réconfort intellectuel. Depuis
les années 1970 principalement, la critique universitaire s’est saisie avec
passion de son œuvre. Écrivain infréquentable
et irritant pour les uns – une
partie de ses textes reste interdite de publication –, conteur et stylicien de
génie
 pour les autres, parfaitement représentatif d’une époque irrationnelle, excessive et brutale,
Céline, surtout insaisissable, n’a
pas fini d’être tour à tour aimé et haï.

 

 

« Lui, notre colonel, savait peut-être pourquoi ces deux
gens-là tiraient, les Allemands aussi peut-être qu’ils savaient, mais moi,
vraiment, je ne savais pas. Aussi loin que je cherchais dans ma mémoire, je ne
leur avais rien fait aux Allemands. J’avais toujours été bien aimable et bien
poli avec eux. Je les connaissais un peu les Allemands, j’avais même été à
l’école chez eux, étant petit, aux environs de Hanovre. J’avais parlé leur
langue. C’était alors une masse de petits crétins gueulards avec des yeux pâles
et furtifs comme ceux des loups ; on allait toucher ensemble les filles
après l’école dans les bois d’alentour, et on tirait aussi à l’arbalète et au
pistolet qu’on achetait même quatre marks. On buvait de la bière sucrée. Mais
de là à nous tirer maintenant dans le coffret, sans même venir nous parler
d’abord et en plein milieu de la route, il y avait de la marge et même un
abîme. Trop de différence. »

 

Louis-Ferdinand Céline, Voyage au bout de la nuit, 1932

 

« Encore une journée de
perdue ! Salie ! gâchée ! pervertie absolument ! anéantie
en cafouillages !… En crétines angoisses !… C’est que je puisse
me recueillir !… Véritablement… Enfin ! que je puisse m’abstraire !…
tu comprends ?… La vie extérieure me ligote !… Elle me
grignote ! Me dissémine !… M’éparpille !… »

 

« Souvent j’en croise, à présent, des indignés qui ramènent…
C’est que des pauvres culs coincés… des petits potes, des ratés jouisseurs…
C’est de la révolte d’enfifrés… c’est pas payé, c’est gratuit… Des vraies
godilles…

Ça vient de nulle
part… du Lycée peut-être… C’est de la parlouille, c’est du vent. La vraie
haine, elle vient du fond, elle vient de la jeunesse, perdue au boulot sans
défense. Alors celle-là qu’on en crève. Y en aura encore si profond qu’il en
restera tout de même partout. Il en jutera sur la terre assez pour qu’elle
empoisonne, qu’il pousse plus dessus que des vacheries, entre des morts, entre
les hommes. »

 

Louis-Ferdinand Céline, Mort à crédit, 1936

 

« Le malheur en tout ceci, c’est qu’il n’y a pas de peuple, au
sens touchant où vous l’entendez, il n’y a que des exploiteurs et des
exploités, et chaque exploité ne demande qu’à devenir exploiteur. Le
prolétariat héroïque, égalitaire, n’existe pas. C’est un songe-creux, une
faribole, d’où l’inutilité, la niaiserie écœurante de toutes ces imageries
imbéciles, le prolétaire en cotte bleue, le héros de demain et le méchant
capitaliste repu à chaîne d’or. Ils sont aussi fumiers l’un que l’autre. Le
prolétaire est un bourgeois qui n’a pas réussi. Rien de plus, rien de
moins. »

 

Louis-Ferdinand Céline,
Lettre à Élire Faure, juillet 1935

 

 

 

 

 

 

 

 

Analyse

 

Le livre suscita de nombreuses polémiques à sa parution. Même si cela n’est pas encore totalement affirmé, l’auteur utilise à l’écrit le langage dit « oralisant » et l’argot, en jetant les bases d’un style qu’il nomme son « métro émotif». Céline refuse d’utiliser le langage classique, la langue académique des dictionnaires, qu’il considère comme une langue morte. C’est l’un des tout premiers auteurs à agir de la sorte, avec une certaine violence, et ce dans toute son œuvre.

 

Par ailleurs, le langage parlé côtoie le plus-que-parfait du subjonctif dans une langue extrêmement précise. L’utilisation de la langue parlée n’est donc en rien un relâchement, mais juste une apparence de relâchement. Le narrateur est plongé dans le monde qu’il décrit, d’où la symbiose apparente de son style avec celui des personnages, qui appartiennent presque tous aux populations des faubourgs et parlent de façon argotique. Mais en tant que descripteur de l’absurdité du monde, le langage parlé se doit aussi de faire preuve d’une grande précision. Si l’argot, les dislocations et autres thématisations gagnent en noblesse chez Céline, le plus-que-parfait du subjonctif ou le lexique soutenu ne le cèdent en rien. Ils se côtoient, parfois, dans une même phrase.

 

Le style littéraire de Louis-Ferdinand Céline est souvent décrit comme ayant représenté une « révolution littéraire ». Il renouvelle en son temps le récit romanesque traditionnel, jouant avec les rythmes et les sonorités, dans ce qu’il appelle sa « petite musique ». Le vocabulaire à la fois argotique influencé par les échanges avec son ami Gen Paul ainsi que le style scientifique, familier et recherché, est au service d’une terrible lucidité, oscillant entre désespoir et humour, violence et tendresse, révolution stylistique et réelle révolte (le critique littéraire Gaëtan Picon est allé jusqu’à définir le Voyage comme « l’un des cris les plus insoutenables que l’homme ait jamais poussé »).

 

Néanmoins, Voyage au bout de la nuit constitue bien plus qu’une simple critique de la guerre. C’est à l’égard de l’humanité entière que le narrateur exprime sa perplexité et son mépris : braves ou lâches, colonisateurs ou colonisés, Blancs ou Noirs, Américains ou Européens, pauvres ou riches. Céline n’épargne véritablement personne dans sa vision désespérée et, pour son personnage principal, rien ne semble avoir finalement d’importance face au caractère dérisoire du monde où tout se termine inéluctablement de la même façon. On peut y voir une réflexion nihiliste.

Personnages

  • Ferdinand Bardamu : le narrateur
  • Léon Robinson : son ami, presque son double. Il apparaît dans les moments décisifs, et le livre s’arrête quand il disparait.
  • Alcide : son collègue en Afrique
  • Lola : une américaine rencontrée à Paris et retrouvée à Manhattan
  • Musyne : une violoniste rencontrée à Paris
  • Molly ; une américaine rencontrée à Détroit
  • Bébert : petit garçon rencontré dans la banlieue parisienne
  • La tante de Bébert
  • La famille Henrouille (la bru, son mari et sa belle-mère)
  • Parapine : chercheur à l’Institut Pasteur, médecin, et amateur de trop jeunes filles
  • Baryton : psychiatre
  • Madelon : amante et assassin de Robinson (et de Bardamu, à l’occasion)
  • Sophie : infirmière slovaque, amante de Bardamu
  • L’abbé Protiste

La vision du monde de Voyage au bout de la nuit

Quelques adjectifs peuvent qualifier le roman :

 

antinationaliste/antipatriotique : le patriotisme (ou le nationalisme) est, selon Céline, l’une des nombreuses fausses valeurs dans lesquelles l’homme s’égare. Cette notion est visible notamment dans la partie consacrée à la Première Guerre mondiale, au front, puis à l’arrière, où Céline s’est fait hospitaliser ;

anticolonialiste : clairement visible lors du voyage de Bardamu en Afrique, c’est le deuxième aspect idéologique important de l’œuvre. Il qualifie ainsi le colonialisme de « mal de la même sorte que la Guerre » et en condamne le principe et l’exploitation des colons occidentaux, dont il brosse un portrait très peu flatteur et caricatural ;

anticapitaliste : sa critique du capitalisme transparaît nettement dans la partie consacrée aux États-Unis, lors du voyage à New York, puis à Détroit, principalement au siège des usines automobiles Ford. Il condamne le taylorisme, système qui « broie les individus, les réduit à la misère, et nie même leur humanité », en reprenant sur ce point quelques éléments de Scènes de la vie future (1930) de George Duhamel, qu’il a lu au moment de l’écriture du Voyage. Le regard qu’il porte sur le capitalisme est étroitement lié à celui qu’il accorde au colonialisme ;

anarchiste : à plusieurs reprises, l’absurdité d’un système hiérarchique est mise en évidence. Sur le front durant la guerre, aux colonies, à l’asile psychiatrique… l’obéissance est décrite comme une forme de refus de vivre, d’assumer les risques de la vie. Lorsque Céline défend son envie de déserter face à l’humanité entière, résolument décidée à approuver la boucherie collective, il affirme la primauté de son choix et de sa lâcheté assumée devant toute autorité, même morale. Cette vision teintée de désespérance se rapproche de la pensée nihiliste.

Le roman se distingue également par son refus total de l’idéalisme : l’idéal et les sentiments, « ça n’est que du mensonge» ou bien « Comme la vie n’est qu’un délire tout bouffi de mensonges (…) La vérité c’est pas mangeable. ». La question de Bardamu et, par là même, celle de Céline, est de découvrir ce qu’il appelle la vérité. Une vérité biologique, physiologique, qui affirme que tous les hommes sont mortels et que l’avenir les conduit vers la décomposition – l’homme n’étant considéré que comme de la « pourriture en suspens6 ». C’est pourquoi l’œuvre peut apparaître comme totalement désespérée.

 

Thèmes abordés

Le roman aborde plusieurs thèmes :

 

l’errance : au cœur de ce roman initiatique. Il s’agit d’une errance à la fois physique et psychique. Par bien des aspects, le roman se rattache à la veine picaresque : un pauvre bougre est entraîné, malgré lui, dans des aventures qui le font mûrir en lui ôtant toute illusion (« On est puceau de l’Horreur comme on l’est de la volupté. »). La passivité du personnage est flagrante : il subit les événements sans vraiment y contribuer. Dès l’ouverture, le ton est donné : « Moi, j’avais jamais rien dit. Rien. C’est Arthur Ganate qui m’a fait parler. ». Engagé volontaire pour braver son ami, le héros va faire l’expérience de la guerre, de l’horreur et surtout du grotesque de l’existence. « Je ne me réjouis que dans le grotesque aux confins de la mort » (lettre à Léon Daudet). Le nom même du personnage exprime cette idée : Bardamu, littéralement mû par son barda, c’est-à-dire en errance perpétuelle et involontaire ;

la ville : omniprésente dans le roman. Que ce soit Paris, New-York, Détroit, « Rancy » ou Toulouse, la ville est l’élément central du décor. On peut rattacher le roman de Céline à ceux, contemporains, de Dos Passos (Manhattan Transfer) ou de Döblin (Berlin Alexanderplatz) ;

la pourriture : l’individu y est inéluctablement voué, qu’il s’agisse d’un pourrissement naturel (la mort naturelle ou du fait d’une maladie) ou provoqué par un événement (la guerre, le meurtre). Outre le passage consacré à la guerre, à l’Afrique, à l’Amérique, la deuxième moitié partie de l’ouvrage, presque entièrement dédiée à l’expérience médicale du narrateur dans des milieux misérables, fait ressortir les aspects de décomposition et de pourrissement de l’individu qui doit affronter les maladies, sa propre dégénérescence, des odeurs méphitiques, la putréfaction… ;

la lâcheté : l’individu est lâche par essence. S’il ne l’est pas, il ne peut échapper aux multiples menaces guerrières, ouvrières et sociétales. Céline développe donc une vision particulièrement nihiliste de la société humaine. La lâcheté permet à Bardamu de s’assumer comme déserteur dans l’épisode de la guerre, de fuir ses responsabilités aux colonies, de quitter son emploi chez Ford, de réclamer de l’argent à ses connaissances établies aux États-Unis, de fermer les yeux sur de multiples avortements (voire de les pratiquer), de feindre d’ignorer la tentative de meurtre de la grand-mère. Cependant il n’est pas lâche au point de mettre un terme à sa vie et à toute cette mascarade, ni de ne pas dire leurs quatre vérités, de manière très directe et avec beaucoup de délectation, à des personnes en plein désarroi.

 

Avis

Pour le lecteur qui n’a jamais lu Céline, entrer dans l’univers de « Voyage au bout de la nuit » est une expérience particulière.

Soit l’on passe les premières pages et l’on va au bout du voyage, soit l’on s’y perd tout de suite et l’on prend la première sortie de secours possible pour quitter le train.

Le style de l’auteur, décrit précédemment, a de quoi surprendre effectivement.

Mais d’un autre côté, il contribue totalement à cette immersion dans le personnage de Bardamu, qui non seulement ne nous laisse pas le choix via la narration à la première personne, mais enfonce un peu plus le principe en nous imposant ce style entre argot et français pourtant impeccable qui nous oblige a quitter notre propre personnalité pour entrer dans celle de Bardamu tout au long de la lecture.

Pour autant n’allez pas croire que la lecture du livre se limite a cet aspect des choses.

Les descriptions de Céline sont redoutables, descriptions des personnages, de faits, de la société, des lieux.

La critique est sans fard et acide, directe et incisive, que l’on soit d’accord ou pas, mais ceci est un autre débat, le monde qui nous est dépeint est cohérent selon le point de vue de l’auteur, et chaque phrase, chaque description est autant de coups de pinceaux pour peindre cette toile immense.

On a parfois envie de quitter le livre, on se perd dans des considérations difficiles à suivre tant elles semblent jaillir sans le moindre contrôle, sans la moindre modération directement des pensées de l’auteur.

C’est d’ailleurs un peu le sentiment qui prédomine tout au long de la lecture du livre, rien n’a été contrôlé, pas de modération et encore moins de censure, ce serait une aberration, presqu’une hérésie au regard du message de l’auteur.

Alors on se laisse porter par ce flot incessant, au fil de l’errance de Bardamu, car c’est bien là aussi une thématique très présente. A la différence de bien des livres où le personnage nous emmène là où il a envie d’aller, ici nous avons la sensation de suivre un personnage qui lui-même ne sait pas ce qu’il veut et où il veut aller.

Nous retrouverons souvent des expressions dans lesquelles Bardamu avoue sans complexe être le spectateur des faits et de sa propre vie, conscient de n’y jouer aucun rôle et de ne pas le vouloir surtout.

Mais malgré tout, on finit par arriver au bout du voyage, et lorsque la dernière phrase se termine, il reste un goût légèrement amer, déjà ?

Voter, adhérer ? Doit on choisir ?

L’actualité sociétale et politique a largement relancé le débat autours du vote et de ses implications.

Non pas que ce débat soit récent, bien au contraire, mais il semble prendre une tournure très particulière à l’aulne des changements souvent douloureux de notre société.

Vote… De quoi parlons-nous ?

 

Issu du latin « votum » signifiant « voeu », le vote est un acte par lequel une personne fait un choix et le formalise au sein d’une procédure souvent collective.

Définition du Larousse :

Manifestation de volonté, individuelle ou globale, à l’occasion d’une élection ou prise de décision.

Bien que la notion de vote soit très largement associée à notre système démocratique, nous pouvons en retrouver des traces très loin dans l’histoire de l’humanité.

Il est donc nécessaire de ne pas faire de confusion entre l’application du vote au travers d’un système organisé en démocratie tel que le suffrage universel, le droit et de vote, et la notion de vote en elle même.

Plus qu’un acte, un droit…

 

Le vote est bien évidemment connu au niveau historique par ce long combat qui a consisté à en donner le droit de jouissance à chaque citoyen, indépendamment de son sexe à partir du moment où cette personne jouit de ses droits civiques et est en age légal d’exercer ce droit.

Si l’on peut réellement parler d’un droit de vote, le vote en lui même reste un choix, qui se veut selon notre système démocratique actuel, personnel, secret et confidentiel.

Mais alors, pourquoi et pour quoi votons nous ?

A la base, le vote est un choix que l’on exprime, une adhésion à une action, un soutien à une personne, ou une idée, lorsque nous votons nous concrétisons un accord envers la personne, le concept ou l’action soumise au vote.

Cela implique forcément une notion de responsabilité.

Donner sa voix, puisque l’on parle ainsi en matière de vote, implique que l’on accepte, et en connaissance de cause, les conséquences et implications de son vote.

Mais les choses se sont bien complexifiées par le jeux de la politique, ajoutant nombre de paramètre à ce postula.

Voter pour un candidat politique, et sa famille politique est-il vraiment un acte d’adhésion ?

Voter – adhérer ? Un vote peut il devenir un facteur de discrimination ?

 

Nous avons vu émerger la notion de vote utile, de vote de sanction, de vote de barrage.

Nous entendons très souvent parler de choisir entre « la peste et le choléra ».

Nous avons la notion de vote blanc et le débat qui va avec…

Mais une autre tendance a largement émergée… Notre vote pour certaines personnes, traduit qui nous sommes, et de facto, si nous sommes des personnes fréquentables ou non.

J’avoue être assez mal à l’aise avec cette attitude.

Choisir est un processus complexe, qui fera l’objet d’un article à part entière.

Comment peut-on réellement juger d’une personne sur un seul choix sans avoir connaissance de tout ou partie de ce mécanisme ?

Le vote exprime bien évidemment un choix, mais de quelle nature ? Rébellion ? Par défaut ? Colère ? Adhésion ?

Car c’est bien là que la question devient épineuse.

S’agissant de voter pour des hommes et des partis politique, le vote devient aux yeux des autres une adhésion aux idées du parti en question.

Ne nous voilons pas la face, cette problématique n’apparaît que lorsque l’on évoque les partis dits « non fréquentables », les « extrêmes » de tous bords.  Là aussi c’est une notion qui me met mal à l’aise. Non pas que je sois pour ou contre certaines idées, là n’est pas du tout le propos, mais tout simplement parce que je me demande en vertu de quelle autorité morale et éthique, quelle légitimité, certaines personnes s’arrogent le droit de définir qui est « bien » et qui ne l’est pas, et par extension, de nous dire sans prendre la peine d’y mettre les formes, pour qui nous devons voter pour être des gens respectables.

Dans ce principe, on associe donc totalement le vote à une adhésion totale à une idéologie, ce qui me parait assez contradictoire avec la notion pourtant tout aussi répandue de vote sanction et de vote utile.

Si l’on admet que certaines personnes peuvent voter pour tel ou tel parti, non pas en acte d’adhésion à ce parti, mais pour faire barrage à un autre parti, pourquoi ne peut admettre que des personnes peuvent voter pour un certain parti, non pas par adhésion à son idéologie, mais pour ne pas apporter leur soutien à un autre parti dont elles ne veulent plus ?

Ce qui marche dans un sens ne pourrait donc pas marcher dans l’autre ?

Étrange conception de la démocratie qui s’ajuste de manière à donner raison à celui qui prétend détenir la juste conduite.

Il me parait donc très hasardeux , et quelque part sectaire et discriminant, de juger une personne sur la seule base d’un vote, considérant que ce choix qu’elle a fait a pu être le fruit d’une logique qui ne découle pas d’un sentiment de soutien ou d’adhésion.

Alors se pose la question sous-jacente, voter a-t-il encore un sens ?

Doit-on encore voter ?

 

Si l’on rajoute dans la réflexion la notion de vote blanc (j’écarte volontairement abstentionnisme que de part sa nature même est hors périmètre de la notion de vote), la question de la nature du choix fait peut se poser. Mais pas celle de l’utilité de ce choix, car si l’on retire le droit de vote, on retire un droit fondamental d’expression.

Nos femmes et hommes politique l’ont très bien compris et depuis bien longtemps, il faut laisser le peuple s’exprimer, mais cela ne veut pas dire que l’on ne peut pas faire en sorte que son expression soit conforme à ses intérêts propres…

N’oublions pas que certains personnages comme Hitler, ont su utiliser l’expression démocratique du peuple à leur avantage avant de pouvoir réduire à néant cette même démocratie.

La question qu’il est légitime de se poser serait alors, sommes nous réellement libres de voter comme nous le souhaitons et pour qui nous le souhaitons ?

Si pour beaucoup la réponse est évidemment oui, il y a une nuance importante entre ce qu’il est effectivement toujours possible de faire, et ce qu’il est réaliste de faire.

Voter pour un parti auquel on n’adhère pas pour faire barrage à un autre parti est-il réellement un choix ?

Etre discriminé pour un choix de vote n’est-il pas une violation évidente de la liberté fondamentale de penser et d’expression pourtant si chère à tous ?

Voter blanc est-il un moyen d’expression ou un moyen d’éviter un choix ?

Voter utile est-il encore un vote ?

Autant de questions qui ne peuvent trouver de réponses, si ce n’est peut être en notre fort intérieure, que l’on appelle aussi conscience…

 

Chronique Midnight Sorrow « Pick A Tale »

MIDNIGHT SORROW

« Pick A Tale »

Origine : France – Alsace

Date de sortie : Avril 2017

Style : Métal Symphonique

 

Autres productions :

EP « At First » en 2014

Line-up :

Chant Lead : Maureen Morvan

Claviers – Orchestrations : Nicolas Mickaël

Guitares : Samuel Stammbach

Basse : William Simon

Batterie : Stéphane Perrier

Pick a Tale

  1. Prelude Of The Night
  2. Glorious
  3. Between Sun And Moon (remix)
  4. Lost For Eternity
  5. Black Snow
  6. Number 6
  7. Crystal Drop (remix)
  8. Waterfall (remix)
  9. At First (remix)
  10. The Place
  11. Phaze
  12. Treasure Of Your Life
  13. A Last Ceremony

Biographie :

“Midnight Sorrow” est né en 2011 sous l’impulsion de Maureen (Chant) et Nicolas (claviers), deux passionnés de métal symphonique. Rejoints rapidement par des musiciens d’expérience, le groupe se monte un solide répertoire, et sort son premier EP « At First » en 2014.

« Pick A Tale » est leur premier album.

« Chant lyrique, envolées symphoniques et riffs tranchants, Midnight Sorrow tisse son univers musical alliant mélodie et puissance »

                Tout d’abord, et comme je le fais toujours, intéressons-nous à l’univers visuel de Midnight Sorrow. C’est un magnifique ArtWork, d’une grande qualité visuelle qui nous accueille sur la pochette de cet album. D’autant plus, et cela mérite d’être souligné au regard de la qualité de ce visuel, que c’est une création de Maureen, la chanteuse lead, qui avait aussi signé la pochette du premier EP du groupe. Entre  néo-romantisme et fantastique avec un petit côté Dark, L’univers visuel de Midnight Sorrow est donc bien posé et affirmé, avec finesse, profondeur et une précision de très haut niveau…

Bien légitimement, nous sommes impatients de savoir si le talent graphique de Maureen est aussi étendu que son talent vocal, et quelle sera la nature musicale de l’univers que cette belle couverture annonce.

Ce soin particulier apporté à leur univers visuel nous donne le diapason de la réalisation globale de l’album comme nous allons dès maintenant le découvrir….

Dans un premier temps, en parcourant la liste des morceaux, il apparait que 4 des morceaux de « Pick a tale » portent la mention « remix » et sont issus du premier EP du groupe.

C’est un choix que l’on retrouve de temps en temps que de d’intégrer des morceaux de précédents EP ou démo eu leur faisant profiter de meilleures conditions d’arrangements et d’enregistrements.

Pour les personnes qui ne connaissent pas le groupe, la découverte est totale, pour les autres, la redécouverte des morceaux remixés est aussi intéressante.

 

L’album s’ouvre sur l’intro « Prelude of the night »

Grosse orchestration, montée en puissance des instruments, gros son de guitare, tous les éléments se posent instantanément dès les premières notes sur cette ouverture progressive dont la mélodie et trame de base sonne déjà avec des accents Nigthwishiens…

Dès les premières notes, nous pouvons noter la qualité de la post-production, le son est vraiment excellent, tous les instruments « sonnent » dans le sens le plus large du terme sur cette entame qui n’a pour vocation que de nous propulser sur une rampe de lancement….

« Glorious »

Dès les premières notes, nous sommes directement propulsés dans le monde métal-symphonique d’inspiration NigthWish, époque « Whismaster » mais pas que…

Magnifique attaque de violons, rythmiques lourdes, guitares au riffs acérés, et le tout servi par un son qui se confirme comme excellent et de superbes orchestrations.

Maureen fait une entrée au chant sans concession sur ce début de morceau endiablé. Elle pose directement un chant puissant, lyrique certes, mais qui se place parfaitement sur cet ensemble de pur métal-symphonique, ne cédant jamais de terrain à cette déferlante instrumentale sans pour autant se perdre dans les nuages de l’ultra lyrisme. Le chant saturé fait son entrée, lui aussi parfaitement en place et maitrisé et donne une parfaite réplique à la belle dans un jeu d’ange et démon ou de belle et la bête…

Au bout de ses presque 6 mn, « Glorious » nous fait entrer de plein pied, et par la grande porte dans un monde qui ne peut bien évidemment pas renier ses influences et racines prises dans les grands noms du métal-sympho, j’ai cité NigthWish mais l’on pourrait aussi retrouver une touche de « Tristania » au travers de la trame mélodique et rythmique de cette pièce qui se pose avec facilité et évidence tant la maitrise de style et de la technique est élevée.

Les premières notes de cette entrée en matière endiablée se dissipent à peine que « Between Sun And Moon » nous attaque en frontal avec un riff lourd de guitare qui introduit une superbe mélodie aux accents médiévaux celtiques.

Il s’agit du premier remix issu de l’EP « At First ».

Là aussi tout se pose avec une facilité déconcertante. Attaques puissantes, changements de rythme, orchestrations magnifiques et Maureen qui domine ce monde comme une déesse des temps anciens avec une voix dont les capacités lyriques ne cessent de se découvrir, survolant des vagues d’orchestration particulièrement riches et soignée, flirtant avec les riffs tranchants et incisifs des guitares le tout porté par une section rythmique implacable qui allie vélocité et subtiles variations.

Le chant saturé toujours aussi efficace viennent compléter cet ensemble qui nous tient en haleine de la première à la dernière note.

Sans transition « Lost for Ethernity » nous propulse à la vitesse supérieure.

Le morceau nous entraine dans une course effrénée, porté par une rythmique qui n’a décidément aucune faiblesse. Les magnifiques envolées de cordes nous ramènent une fois de plus à l’époque des Wishmasters et Stargazer.

Ce sont près de 4 mn qui ne nous laisse aucun moment de répit pour notre plus grand plaisir, refrain envoutant, couplets et transitions forgés avec une précision chirurgicale….

Avec une introduction au piano « Black Snow » apporte un court moment de douceur et de calme dans ce début d’album survitaminé, mais ne vous y trompez pas, le morceau rejoint vite la puissante de ces prédécesseurs.

La recette que nous délivre MidNigth Sorrow est parfaitement rodée et fonctionne à merveille.

On reste toujours admiratif face à la maitrise, tant au niveau composition, jeux des instruments et post-production qui s’affirme et se ré-affirme à chaque nouveau titre que nous découvrons.

« Number 6 », après une superbe introduction aux grandes orgues nous propulse de nouveau à mach 2.

Les modulations de chant de Maureen sont tout simplement éclatantes, et le morceaux enchaine changements, variations rythmiques et transitions à un rythme effréné, à tel point qu’il est souvent nécessaire de revenir dessus pour en capter toutes les subtilités, tant au niveau orchestrations, guitares mais aussi dans le travail de construction des lignes de chant, principale, contre-ligne et doublage qui pourrait paraitre un peu effacé au regard de la puissance dégagée par le chant lead, mais qui s’avère pourtant redoutablement efficace et surtout très approfondi, avec finesse et subtilité.

En moins de 6 mn, le morceau nous transporte dans de multiples ambiances et univers, phénomène qui se retrouve sur la majorité des morceaux de cet album, car, si pour du métal Symphonique, un morceau de 6 mn n’est pas d’une durée excessive, mais plutôt classique, la richesse de chacun des morceaux de cet album est à souligner, leur donnant une impression de profondeur dans leur durée tant il nous est impossible de tomber dans la moindre lassitude ou même, la moindre habitude au cours de leur écoute.

 Les trois morceaux suivants, « Crystal Drops », « Waterfall » et « At First » sont des remix de l’EP « At First ». Ne connaissant pas le groupe avant cet album, j’ai donc décidé de découvrir « At First » pour juger de l’évolution des morceaux.

Les compositions sont toujours aussi inspirées, et bénéficient effectivement de grosses évolutions dans leurs arrangements, leur son, leur donnant plus d’ampleur et de relief.

« Crystal Drops » nous offre un petit interlude tout en ambiance planante avant de nous replonger dans un « waterfall » au rythme endiablé, marqué par des attaques de chœurs et de violons terriblement efficaces, toujours soutenu par une section rythmique qui semble ne jamais pouvoir faiblir.

Le chant survole et emmène le morceau, toujours dans les hautes sphères avec une précision et une clarté sublime, mais sans jamais s’effacer devant la déferlante instrumentale qui se déchaine à chaque mesure.

Force est de constater que ces remix sont d’excellente facture et ont fait l’objet du même soin apporté aux nouvelles compositions, transformant et améliorant en profondeur les morceaux originaux qui avaient déjà un énorme potentiel à leur conception.

« The Place » s’ouvre sur un piano dont les accords tendent plus vers le progressif, impression qui se confirme avec le démarrage du morceau.

La construction reste toujours aussi soignée, et c’est le chant saturé qui ouvre la danse pour un morceau qui effectivement flirte entre le symphonique « pur » et le « progressif ».

Le travail des guitares et de la section rythmique reste toujours aussi profond et d’une précision redoutable.

Les cordes, caractéristiques depuis le début de l’album semblent jouer un rôle de liaison entre un monde de métal progressif très abouti et les fondamentaux symphoniques et lyriques toujours portés avec brio et maestria par Maureen.

Les variations s’enchainent à un rythme effréné sur un morceau qui comme ces prédécesseurs ne nous laisse pas un instant de répit, à peine le pont semble-t-il poser un peu le tempo que nous repartons dans de nouveaux chemins rythmiques et harmoniques.

Les orchestrations restent tout simplement grandioses, sur un morceau qui dépasse allègrement les 6 minutes, sans que l’on s’en rende vraiment compte.

Avec « Phaze » il nous aura fallu attendre le 11ème morceau pour entrer dans un univers très différent des précédents, bien plus apaisé, aux consonances acoustiques, qui nous emmène dans une ballade aux accents médiévaux, où une fois de plus la voix envoutante de Maureen nous fait voyager. Soutenue par une orchestration toujours aussi soignée, toute en délicatesse et finesse.

Si après une véritable déferlante de puissance entre le fer, le feu et le velours un tel morceau peut surprendre, nous rentrons avec plaisir dans ce chemin différent, qui monte doucement en puissance, mais conserve de bout en bout son côté mélancolique, romantique…

« Treasure of your life » est une pièce majeure de plus de 11 minutes…

L’introduction d’un tel morceau (fractionné en deux parties) monte en puissance, avec une prise en main progressive mais ferme du rythme et des instruments pour nous conduire à superbe sarabande aux accents médiavaux – celtiques, une danse endiablée que le travail un fois de plus incisif et sans concession des guitares et de la section rythmique rend d’autant plus folle.

Là aussi les changements et variations s’enchainent, transitions, ponts, quel que soit le nom que l’on puisse leur donner, la maitrise de cette richesse structurelle e rythmique des morceaux est totale.

Les orchestrations ne sont pas en reste, puissantes, ciselées avec une précision chirurgicale, d’une très grande richesse, c’est un univers à chaque fois renouvelé que domine le chant lyrique et puissante de Maureen.

Le pont de milieu du morceau nous envoie directement dans une ambiance lunaire, qui n’est pas sans rappeler une certain « Imaginaérum ».

Reprise par une magnifique séquence de cordes qui joue avec le thème principal.

Décidément, impossible de voir le temps passer ni même de le compter dans un tel morceau qui ne cesse d’évoluer, de vivre, de nous prendre par la main pour nous emmener aux quatre coins d’un univers musical et artistique où tout semble encore à découvrir ou re-découvrir.

Il serait vain de tenter de tout décrire, il vaut mieux se plonger dans cet océan et se laisser porter sur les vagues des riffs de guitares ou des ensembles de cordes, à moins que vous ne préfériez vous laisser envouter par la sirène qui mène cet ensemble de sa voix de crystal.

Une chose est sûre, c’est que vous sortirez de ces 11 minutes en vous disant « déjà !!! ».

Nous arrivons au terme de cet album avec « A last ceremony »

Ouverture magistrale aux grandes orgues, le thème est de circonstance.

Le morceau se découvre en douceur avec un superbe travail vocal de chant lead et de chœurs.

Les orchestrations, majestueuses et somptueuses viennent lancer un morceau qui se déroule en mid-tempo, bien plus posé que ces prédécesseurs mais empreint d’une très grande puissance.

Bien que l’ensemble s’accélère sensiblement, ce dernier morceau clos avec force et majesté cet album.

Vient donc la conclusion de cette chronique…

Il y aurait bien des choses à dire.

Tout d’abord les aspects techniques.

La réalisation de l’album est superbe. Un son digne des plus grands opus du genre, une post-production et un travail technique de très haut niveau en font un moment d’écoute de pur plaisir que ce soit sur des enceintes de salon ou un casque.

La première chose que l’on note aussi, et ce dès le premier morceau, c’est la finesse du travail réalisé, la précision presque chirurgicale dans la réalisation de chaque morceau, chaque refrain, chaque mesure où l’on a l’impression que chaque note a été soigneusement pesée, pensée et placée là où elle devait être.

Les orchestrations sont tout simplement magnifiques, puissantes, profondes, détaillées à l’extrême.

Les guitares qui bénéficient d’un son parfaitement placé dans les médiums trouvent parfaitement leur place dans le spectre sonore et réalisent un travail technique et musical qui flirte en permanence avec le métal-progressif quand elles ne s’y plongent pas totalement, riffs acérés, tranchants, surprenants ou tapant comme des coups de hache, rien ne manque.

La section rythmique qui soutient cet ensemble est à l’image de l’album, d’une puissance extraordinaire elle ne démérite jamais, enchainant avec une précision sans faille rythmes effrénés, variations et transitions.

Et pour clore ce passage en revue des différentes composantes de l’album, le chant…

Sirène, déesse de métal, les qualificatifs seraient nombreux et parfaitement justifiés pour décrire la performance vocale magnifique de Maureen. Si la tessiture est sans la moindre équivoque Lyrique pour reprendre l’expression que tout le monde connait, il faut quand même souligner que dans le monde des sopranos, il y a plusieurs registres. Sans rentrer dans les détails techniques, je tiens juste à souligner que sur cet album, le chant lead montre une capacité à naviguer dans nombre de ces registres, restant ainsi toujours à la tête de cette déferlante musicale et instrumentale qui aurait pourtant vite pu l’écraser.

Parfaitement complété par la voix saturée, il est assez rare de voir une tel maitrise du placement de ces deux types de chant caractéristique de métal-symphonique sur un premier album, ce qui dénote une fois de plus de la profondeur et de la qualité du travail de conception et de réalisation qu’il a fallu mettre en œuvre pour obtenir un tel résultat.

Nous ne pouvons bien évidemment pas passer à côté des multiples influences musicales qui ressortent très clairement, entre Nigthwish (époque OceanBorn et Whismasters essentiellement), dont l’influence est très caractérisée dans l’utilisation des cordes, Epica où l’on retrouve la puissance des rythmes et des riffs pour n’en citer que deux principaux.

Etre inspiré est-il un mal ? Je ne le pense pas.

Cela n’enlève rien à la qualité de cet album d’une très grande richesse.

On ne recrée pas un univers de toute pièce à chaque jour, la preuve, le nôtre existe depuis des milliards d’années, mais on peut le faire évoluer, se l’approprier… Et c’est ce qu’a fait avec brio et maestria Midgnight Sorrow sur cet album. Ils se sont approprié un univers de métal-symphonique pour nous offrir et leur passion et leur immense talent.

Ceux qui cherchent à tout prix et à toute force de la nouveauté, de l’inédit et j’en passe risqueraient fort de passer à côté de l’essentiel de cet opus, qui écrit une magnifique page du métal symphonique Français.

Je vous conseille d’écouter cet album à plusieurs reprise, à divers moments, comme j’ai dû le faire pour pouvoir poser les mots que je pensais être les plus justes sur ce que j’entendais et ressentais, vous y découvrirez toujours quelque-chose de différent (ce qui rend l’exercice du chroniqueur très difficile 😉 ), mais vous y trouverez toujours une constante, le plaisir.

Beneath My Sins « Walkyries of modern time »

Beneath My Sins

« Walkyries of modern times »

 

Genre : Métal Symphonique

Origine : France – Paris

Date de formation : 2015

Line-up

Emma Elvaston : Chant lead

Clément Botz : Guitares – arrangements – claviers

Clément Chouffier : Guitares

Pascal Clifford : Basse

« Walkyries of modern time »

Date de sortie : Mars 2017

Set list :

  1. Spread Your Wings
  2. From the Flames
  3. Losing You Again
  4. The Beauty in the Witch
  5. Broken Pieces
  6. Dreams Shall Be Lived
  7. Endangered
  8. My Rules
  9. You Weren’t There
  10. Fly Raven Fly
  11. Longing Is Still Alive

Liens :

http://www.beneathmysins.com/

https://fr-fr.facebook.com/beneathmysins/

Si le groupe « Beneath My Sins » n’est créé que depuis 2015, ne vous y trompez pas, ses membres sont loin d’être des novices dans le monde du métal symphonique.

Fondé par plusieurs des anciens membres d’Evolvent, groupe qui s’était largement illustré au travers de remarquables productions caractérisées par un métal symphonique lyrique et puissant, « Beneath My Sins » est présenté par ses membres comme une évolution de leur approche de leur musique.

Le groupe étant porté par Emma, chanteuse lead, auteur des textes d’Evolvent, et Clément Botz, compositeur aussi de l’époque Evolvent, ce concept d’évolution prend donc tout son intérêt.

Je le souligne désormais presque à chaque nouvelle chronique, l’offre métal symphonique est loin d’être pauvre, bien au contraire, elle serait plutôt richissime, portée par de plus en plus de groupes qui rivalisent de talent et d’idées pour nous offrir des productions toujours plus ambitieuses et abouties.

Alors forcément, tirer son épingle du jeu dans un tel bouillon de culture musicale, est loin d’être chose aisée.

Qui plus est lorsque l’on a déjà brillé par le passé comme « Evolvent », se remettre en question est un pari d’autant plus audacieux qu’il me semble important de saluer.

Alors, sans plus attendre, dirigeons nous vers «Walkyries of modern times ».

La pochette est tout simplement sublime.

Un travail graphique d’une très grande qualité, détaillé, dans des tons qui tranchent avec les éternelles pochettes sombres faites de feu et de fer que l’on connait bien au métal.

La pochette c’est la première chose que l’on voit, c’est la première barrière, le premier filtre de celui qui ne connait pas, elle doit attirer l’œil, sortir du lot, et retenir suffisamment pour susciter la curiosité. Pour ma part, la pochette de « Walkyries of modern times » réussi parfaitement ce test.

Le titre de l’album n’est pas anodin non plus.

Qu’elles sont donc ces Valkyries des temps modernes, en références à ces divinités nordiques, vierges guerrières en armure qui survolaient les batailles pour emmener l’âme des braves tombés au combat jusqu’au Valhalla ?

Avant même d’avoir écouté les premières notes, c’est déjà un sans-faute de Beneath My Sins quant à ses choix et son travail sur le côté visuel de leur album.

« Spread you wings » nous accueille sur cet album par ses premières notes de cordes pour une intro qui donne tout de suite le ton.

Symphonique à souhait, au son excellent, très bonne maitrise des orchestrations dans lesquelles ont reconnait très rapidement les influences Epica, et plus proche de nous, un peu de Whyzdom.

Le chant lyrique d’Emma vient se poser sur cet ensemble, et on ne peut s’empêcher de faire le rapprochement avec le chant de la Valkyrie.

« From the flames » enchaine avec un riff guitare nerveux et incisif, rapidement rejoint par la section rythmique et orchestrale.

Tous les ingrédients sont en place, son puissant, équilibré, accompagnements et arrangements symphonique de la plus belle facture, et bien sûr, la belle Emma qui survole, emmène le morceau avec son chant lyrique toute en finesse et puissance.

Le morceau évolue avec un très beau travail de chœurs. Rien ne manque à cette première pièce magistrale de l’album, la puissance, le lyrisme, le symphonique, le mélodique.

La composition se veut efficace, ni trop alambiquée sans pour autant tomber dans la simplicité. Les fans et inconditionnels du genre seront ravis dès ce premier titre.

A noter une post-production de grande qualité, tant autant des arrangements que de la qualité du son.

« Losing you again » amène les choses différemment.

Les claviers prennent une autre texture, le chant se développe sous un autre angle.

Si la structure du morceau reste dans la veine de ce qui a été annoncé par « From the flames » avec ses enchainements de passages sur vitaminés et de moments planants, les choix artistiques et d’arrangements dévoilent une autre facette du style du groupe. Du coup, on se prend vite au jeu, attendant les nouvelles surprises de la composition, qui arrivent bien vite par l’introduction de la voix saturée et toujours un excellent travail de chœurs.

« The Beauty and the Witch » fait son entrée. Attention, coup de cœur assuré.

Morceau qui vous accroche très très vite, par son développement, sa mélodie, sa puissance. Notons la magnifique participation d’Effy Stones. Là aussi, le groupe trouve un équilibre entre un métal symphonique redoutablement efficace, qui applique les codes du genre avec brio, et sa propre conception personnelle du style, signe d’une grande maturation dans le processus de création.

Le son est toujours excellent, il est important de le rappeler car au sein de morceaux aussi riches, que ce soit vocalement, rythmiquement ou au niveau des arrangements, un bel équilibre sonore est loin d’être acquis.

C’est un morceau superbe qui mérite largement un coup de cœur et qui s’écoute avec un plaisir inné.

« Broken piece » marque une pause dans cette première partie d’album particulièrement dynamique et puissante.

Superbe jeu de cordes et de piano, qui sublime la voix d’Emma, toute en nuance, puissance et douceur, développant son côté lyrique mais pas seulement.

Le morceau évolue sur un très beau passage où les chœurs prennent une autre tournure, donnant une très grande profondeur et un coté émotionnel très marqué à ce morceau qui se révèle au final est une perle entre douceur et force dans l’album.

Avec « Dreams shall be lived » le groupe s’attaque à un thème qui revient très souvent dans le métal symphonique, l’utilisation de thèmes de musique traditionnelle, celtiques, médiévaux. Le morceau s’ouvre donc sur un thème léger, entrainant, aux consonances médiévales, rapidement rejoint par une section rythmique toujours aussi efficace et puissante. Pourquoi avoir rappelé que ce genre de thématique est souvent utilisé en métal sympho ? Tout simplement pour mieux souligner la difficulté de l’exercice, car, qui dit reprendre une thématique connue ne dit pas en faire un simple copier-coller, et toute la difficulté est là. Force est de constater que Beneath My Sins s’en sorts particulièrement bien en y imprimant sa marque, son style. Le morceau évolue comme une fresque qui se déroule entre riffs endiablés et ambiances narratives pour au final se dérouler avec fluidité à tel point que l’on aurait bien aimé quelques mesures de plus.

On arrive à ce que je considère être le point critique de nombre d’album.

En mettant de côté l’intro, nous sommes au milieu des 10 morceaux de l’album et c’est bien souvent là que le sentiment de lassitude fini par s’installer, ou non. Lorsque les premières notes d’   « Endangered » commencent, l’envie d’en entendre encore est toujours bien présente, d’autant plus que le morceau ouvre une autre ambiance, plus sombre, plus inquiétante que nous n’avions pas encore expérimentée.

Le tempo est plus modéré mais le morceau s’appuie sur un riff lourd et un excellent jeu de cordes.

Là aussi, nous avons la surprise de découvrir un duo, masculin – féminin. L’effet est plutôt réussi même si pour ma part, je n’accroche pas vraiment sur le chant masculin de ce duo.

Néanmoins le concept est très bien pensé et réalisé et le riff sous-jacent particulièrement efficace, ce qui au final en fait un morceau très surprenant.

« My rules » s’inscrit dans la droite ligne de ces prédécesseurs, avec notamment, une orchestration qui intègre une partie de sons électro en complément d’une section cordes toujours aussi active et présente. Complétés par des riffs qui continuent à monter en puissance, le résultat est du plus bel effet sur un morceau qui se veut au final très soutenu et dynamique.

« You weren’t there » nous replonge dans les premiers instants de l’album.

Les violons évoluent différemment, toujours aussi présent mais avec présence plus appuyée.

Le travail de chœurs est là aussi parfaitement maitrisé et prend une certaine ampleur avec des chœurs « males » qui donnent une tout autre coloration au morceau. Si les ingrédients de ce morceau sont connus et largement utilisés par Beneath My Sins depuis le début de l’album, leur agencement et utilisation démarque vraiment le morceau.

« Fly raven fly » repose le tempo et s’ouvre en ballade, ambiance planante, piano – chant.

Mais rapidement, les mouvements de cordes et le chant d’Emma nous laissent entrevoir que ce morceau ne sera pas aussi linéaire qu’il n’y parait et effectivement, c’est avec une superbe évolution que la montée en puissance se fait. Mélodie accrocheuse, chœurs et doublages vocaux toujours aussi impressionnants, cet avant dernier titre souffle le chaud et le froid entre plainte langoureuse au piano et riffs particulièrement vifs et incisifs.

« Longing is still alive » cloture cet album.

Ouverture de corde avec ce genre de mélodie qui vous reste longtemps dans la tête, sans que vous sachiez vraiment pourquoi.

Le morceau prend le temps de se développer entre les cordes et Emma, qui, s’il était encore nécessaire de le prouver, donne une fois de plus l’étendue de son talent lyrique et de sa puissance vocale. Pour ce dernier titre, le groupe nous emmène dans une ambiance de musique tantôt épique, tantôt très intimiste, explorant par là une nouvelle facette de leur art.

C’est une fin toute en douceur et subtilité qui laisse pensif, méditatif, bien que je la trouve un peu abrupte, on se laisse vite porter…

Vient donc le moment de conclure sur cet album indéniablement riche et particulièrement bien réalisé.

Tout d’abord, les aspects techniques.

Le niveau de réalisation est sans le moindre doute particulièrement élevé.

Qu’il s’agisse du son, de la post prod, du soin qui a été mis à réaliser les chœurs, tout dans cet album dénote d’un très haut niveau de professionnalisme et une maturité évidente dans la conception et la réalisation.

Beneath My Sins a mis et s’est donné les moyens de faire un album qui place la barre haut, et cela se ressent de la première à la dernière minute d’écoute.

Du point de vue artistique.

Je pense que pour apprécier un tel album, et cela vaut d’une manière plus générale pour tout ce qui sort actuellement dans le monde du métal sympho, il faut le placer dans une perspective propre.

Les comparaisons, mises en balance n’ont plus guère d’intérêt, si ce n’est de ne pas juger le produit pour ce qu’il est.

S’il est tout à fait possible de noter les influences au fil des morceaux, il faut apprécier le travail de Beneath My Sins pour ce qu’il est réellement.

Dans cette idée, je ne dirai pas que le groupe ouvre une nouvelle page du métal symphonique, mais en revanche, il en écrit une magnifique avec brio et éclat.

On retrouve dans cet album tous les ingrédients qui font les bons albums de métal symphoniques. Beneath My Sins a su utiliser tous ces ingrédients pour créer son métal symphonique et nous le faire aimer.

C’est à mon sens une belle preuve d’évolution et de maturation des musiciens, qui rappelons le, ont évolué depuis un groupe connu pour relancer un tout autre projet.

Avec cet album, Beneath My Sins nous montre que le métal symphonique Français compte plus que jamais des groupes de grande qualité, qui savent se tracer leur propre chemin tout en répondant aux attentes du public, présent et à venir.

Du point de vue technique.

Pour une fois, je n’ai pas distillé d’avis « techniques » tout au long de cette chronique.

Il est pourtant évident que pour réaliser un tel album nous avons à faire à des musiciens qui maitrisent parfaitement leurs instruments. Précision implacable de la section rythmiques, des riffs et chorus guitare superbes, une orchestration maitrisée et soignée, des chœurs particulièrement efficaces et splendides et pour finir, laissons à la belle Emma l’avis final, elle qui porte les morceaux par un chant lyrique puissant, fluide, clair et envoutant.

La technicité des musiciens est parfaitement à la hauteur de l’album.

Vous qui ne connaissez pas encore « Beneath My Sins », je vous invite chaudement à ouvrir cet album, il est fort peu probable que vous le refermiez avant la fin, et, très probable que vous l’ouvrirez plusieurs fois encore par la suite. C’est un album qui s’écoute avec un très grand plaisir, d’une traite ou par étapes, ce qui permet parfois de mieux apprécier chaque morceau. Vous y retrouverez des influences qui feront vibrer vos sens de métalleux-symphonique et en découvrirez d’autres qui auront tout autant le même effet sur vos oreilles.

Un album à avoir absolument dans toute playlist de métal symphonique qui se respecte, cela va de soi.

Et enfin, pour avoir eu la chance de les côtoyer sur scène, la puissance de « Walkyries of modern times » est tout aussi présente en studio qu’en live, avec en plus, un groupe qui assure sublime ses morceaux par un show exceptionnel.

Arcadia 1er EP

ARCADIA – 1er EP

 

Line up:

Cedric Mouth: Batterie, Orchestration

Aurélia Mouth: Chant clair et Lyrique

Matthieu Tournoux: Guitare

Yannick Hemmerlin: Guitare

Vincent Rigoni : Basse

Soizic Desbois: Chant saturé

Liens:

https://www.facebook.com/arcadiasband

https://arcadia6.bandcamp.com/

arcadia.metalband68@gmail.com

Tracklist:

8 Months

On the way

Resurrection

This is the End

 

Le monde du métal dit « symhponique » a beaucoup évolué attirant un nombre croissant de musiciens pour la plupart tous plus talentueux les uns que les autres.

Si l’on fait abstraction des géants du style, l’extraordinaire richesse de ce concept musical a permis l’émergence de mélange de styles parfois improbables, ainsi l’on a vu venir l’Epic Métal, le philarmonique métal, l’électro métal symphonique, le métal gothique, le progressif et bien d’autres créations musicales avec ce même but, créer un nouvel univers basé sur ces fondamentaux hérités du métal, gros riffs, rythmiques en double, chant saturé, et bien sûr, le chant lyrique ou semi-lyrique propre au courant symphonique.

Mais le revers d’une telle émulation musicale est justement la multiplication des groupes, des styles qui rend le choses bien compliquées pour qui voudrait se démarquer ou tout simplement, émerger de cette océan de musique bouillonnant d’activité et de création.

ARCADIA, groupe de métal symphonique du Haut Rhin créé en 2015 nous arrive donc avec cette volonté de partager son univers musical au travers d’un premier EP de 4 titres…

 

Le groupe affiche une structure classique, Chant féminin clair et lyrique, chant saturé (féminin aussi), deux guitares, basse, batterie et bien sûr les orchestrations gérées par le batteur et fondateur du groupe.

Le logo est plutôt sympa et soigné, bien que le nom « ARCADIA » soit très prisé dans le monde musical et métal au regard du nombre de groupes et projets qui l’affichent de par le monde.

La description fournie par le groupe met en avant un mélange d’influences, avec des guitaristes aux inspirations metalcore, trash, death, metal US.

Les inspirations globales étant plus « classiques » vers les grands noms du métal symphonique.

Si la démarche est vertueuse, elle est aussi très ambitieuse au regard du nombre de groupes qui multiplient les mélanges d’influences pour créer leur univers musical au sein de la nébuleuse « métal symphonique ».

L’EP commence sans fioriture ni introduction à rallonge par 8 Months. Le morceau est puissant et il est tout de suite à noter l’excellente qualité du son et de la post-production. L’EP est autoproduit mais peut se targuer d’un son digne d’un album studio, ce qui n’est pas si facile, même si l’ensemble des technologies de traitement du son sont à la portée des home-studio.

Cette qualité sonore et de production ne déméritera d’ailleurs pas au fil des 4 titres.

« 8 Months » nous emmène tout de suite dans une dynamique mélodique, puissante et nerveuse.

Le travail et le son des guitares est excellent, et la précision de la section rythmique sans appel.

Les synthés sonnent très claviers années 80, ce qui tranche un peu avec les habituelles envolées de violons et chœurs symphoniques.

On sent qu’une grande attention a été portée à la finalisation des morceaux, transitions soignées, mélodie agréable…

La voix d’Aurélia se positionne sur un registre lyrique mais sans poussée extrême vers les hautes tessitures des sopranos.

Un chorus guitare assez surprenant vient trancher cette mécanique métal sympho parfaitement lancée. S’il n’y a rien à redire quant à la technicité des guitares, on pourrait regretter que le chorus privilégie la rapidité à la mélodicité, plus issue des influences métal, trash, death que symphonique. Ce qui n’enlève rien à son intérêt au sein du morceau.

Le morceau se poursuit avec un pont en riff lourd comme on les adore en sympho, les orchestrations sont excellentes, un petit bémol sur les sons qui sonnent un peu trop synthétiques en ce qui concerne des instruments comme les violons.

Ce premier morceau ouvre l’album avec brio et laisse une excellente impression et surtout l’envie de passer au suivant.

« On the way » s’ouvre sur un riff guitare qui nous permet d’apprécier encore plus leur son particulier et leur technicité.

La rythmique les rejoint rapidement à pleine puissance pour lancer un morceau très dynamique.

Ce travail des guitares initiés en intro s’avère particulièrement travaillé et surtout varié tout au long du morceau. Le chant saturé de Soizic fait son apparition sur ce morceau.

Dans un premier temps il peine un peu à convaincre, non pas du point de vue de sa technicité qui est excellente mais peut être de son placement au sein du duo avec Aurelia qui ne démérite pas.

L’équilibre se trouve au niveau du pont, où Aurélia se démarque plus vers les hautes sphères lyriques, laissant ainsi une place plus large au chant saturé.

Au final le duo vocal fonctionne plutôt très bien, servi par des mélodies efficaces, une orchestration efficace, un fantastiques travail de guitare rythmique et une section rythmique basse – batterie sur boostée, qui abuse peut être un peu trop, à mon humble avis, des rythmes en double.

L’impression finale de ce second morceau conforte ce que « 8 months » avait initié. Tout doucement le style « ARCADIA » se met en place, au fil des morceaux et des écoutes, un style que l’on apprécie pour sa richesse et son excellente réalisation et exécution.

« Resurrection » redonne la main en introduction aux arrangements et orchestrations, rapidement rejoints par les guitares toujours aussi incisive et présentes par leurs jeux et leurs riffs.

Les orchestrations, plus présentes, se font aussi plus convaincantes, en particulier sur le refrain où elles appuient avec une très belle contre-ligne mélodique la ligne de chant principale. L’effet d’ensemble n’étant pas sans rappeler les refrains entrainant de Within Temptation.

Impression qui se confirme sur le pont où un très beau travail d’ensemble est réalisé pour permettre un très beau face à face chant lyrique – violons.

Pont qui se poursuite par un chorus guitare toujours très bien exécuté, avec dextérité et à la différence du premier une mélodicité plus accrue qui l’insère parfaitement dans le morceau.

Vient « this is the end » qui clôture, un peu comme son nom l’indique, cet EP.

Après une intro toujours aussi dynamique, le groupe adopte un style plus agressif avec une ligne harmonique et mélodique qui tranche avec la grille de l’introduction, poussant vers un style plus métal, moins « grand public » mais bien maitrisé.

Le duo chant clair – chant saturé fonctionne à plein régime sur un morceau qui se veut résolument plus agressif et plus exclusif.

L’attaque des guitares sur le début du pont confirme cette impression. Soizic prend  le lead sur le début du pont soutenue par des riffs puissants et un peu torturés du meilleur effet.

Le morceau sonne un peu comme un condensé du savoir-faire du groupe, tout en y apportant une puissance plus agressive que les précédents.

Le final est superbe entre Aurélia et Soizic.

 

Au final cet EP laisse une très bonne impression au fil des écoutes  successives nécessaires à une bonne appréciation de son contenu.

Je n’irai pas jusqu’à dire qu’ARCADIA révolutionne le monde du métal symphonique, mais ils y trouvent une place bien méritée et justifiée.

Tous les éléments de base du style métal symphonique sont en place, chant clair, lyrique et semi-lyrique puissant et parfaitement maitrisé, mélodies accrocheuses, section rythmiques puissante et précise. Les guitares amènent en effet un côté plus métal, de par leur son mais aussi ce travail énorme qu’elles réalisent tout au long de chaque morceau via des riffs qui évoluent, qui vivent et ne se contentent pas d’accompagner.

Les orchestrations ne sont pas en reste, même si, comme je l’ai signalé, à plusieurs reprises les sons sonnent un peu « kitsch » ou pas assez réalistes pour  les instruments qu’ils représentent. Mais ceci n’est qu’un point de détail car la partie arrangement joue parfaitement son rôle.

Le duo Aurélia – Soizic, s’il peine à convaincre au tout début, s’avère très rapidement d’une très grande efficacité. Il est indéniable que ces deux chanteuses maîtrisent parfaitement leur art vocal et le résultat final est excellent.

La section rythmique est irréprochable, précise, rapide, on pourrait regretter que la basse n’ai pas eu l’occasion de se démarquer par des passages plus déliés ou solistes, ou l’utilisation intensive de rythmes en double, mais les morceaux sont parfaitement servis par cette section basse – batterie et c’est bien le résultat final qui compte.

 

En résumé cet EP d’ARCADIA s’écoute avec beaucoup de plaisir. Sa réalisation est excellente, autant du point de vue technique son que du soin particulier qui a de toute évidence été apporté à chaque morceau dans leur construction et leur finalisation.

Cela nous montre une fois de plus que dans l’univers métal symphonique, des groupes d’une très grande qualité apparaissent, repoussant toujours plus loin les limites de la technicité et de la recherche musicale pour notre plus grand plaisir.

ARCADIA est un groupe à suivre avec beaucoup d’intérêt, le défi est désormais de nous fournir un album dont la qualité sera dans la droite ligne de cet EP qui a d’ores et déjà placé la barre très haut.

N’hésitez pas à écouter cet EP, vous ne serez peut être déçus que par une seule chose… qu’il n’y ait seulement que quatre morceaux.

Elfika « Demo 2015 »

Elfika

ELFIKA – Démo.
Déjà disponible.

Membres :
Laure Ali-Khodja – Chant
Nicolas Balalud – Guitare lead et rythmique
Emmanuel Panneton – Basse/orchestration
Thomas Sommer – Claviers /arrangements
Yohan Elfassy – Batterie

Elfika vient de sortir son premier disque, une démo… Mais derrière cet intitulé peu flatteur se cache un cinq titres plein de surprise et de talent, a commencer par la voix magnifique de Laure. Un timbre clair et une aisance incroyable, tant dans la partie lyrique que Métal. Et si l’on surprend la belle à la peine sur quelques rares notes, nul doute que la frontwoman corrigera le tir pour la scène ou un album digne de ce nom. Les orchestrations d’Emmanuel ne sont pas en reste avec un soin tout particulier apporté aux atmosphères et aux différents instruments (piano en tête). Ajoutez à cela des riffs de gratte très heavy pour muscler le tout, et vous obtenez à peu de chose près la recette de cette bien belle démo.

On entre dans celle-ci par la grande porte avec le très épique « Broken Wings », un classique du genre avec ses guitares ténus et sa rythmique enlevé. Mais ça serait résumé un peu vite ce morceau de bravoure de presque huit minutes qui prend le temps de vivre, accumulant les breaks et les changements de rythme. Une pointe d’éléctro vient même nous titiller l’oreille sans que ça soit rébarbatif, un élément que l’on retrouve sur l’ensemble du disque et qui apporte un peu d’originalité au groupe (chose nécessaire si l’on tient compte de la floppée de groupe du genre sur la scène française). « Inferno » se veut plus lourd et oppressant, avec une basse prédominante et des harmonies très baroques. Un titre qui gagne en intensité au fur et à mesure avant un final soutenu par une batterie musclée (et un Yohan impeccable). On regrettera simplement l’utilisation d’effets qui viennent masquer la sublime voix de Laure. Après ce thème inquiétant et nerveux, le groupe joue la carte de l’apaisement avec un mid-tempo aérien, « Lost in life ». Voix et synthé s’y croisent tout en douceur avant un final légèrement plus appuyé. On arrive au titre le plus agressif et le plus heavy avec « Mirror of truth ». Pour le coup l’orchestration se veut minimaliste, et c’est l’esprit rock du combo qui domine. Un morceau sur lequel la frontwoman aurait pu montrer un peu plus de mordant. « One day » vient conclure cette plongée dans le monde d’ELFIKA avec un métal symphonique tout ce qu’il y a de plus classique. Un final honnête, mais sans doute le titre qui nous a le moins surpris parmi les cinq proposés.

Bien-sûr tout n’est pas parfait, et c’est d’ailleurs sans doute pour ça qu’on nous parle de démo et pas d’EP. Parmi les éléments les plus critiquable, la production et le mixage, réalisé à la maison, et qui manque donc un peu de volume et de rondeur. Mais dans l’ensemble, le groupe nous propose un disque excellent, avec de l’idée et de la fraîcheur. Et s’il va devoir batailler ferme pour trouver sa place sur la scène nationale, nul doute qu’il en a les qualités. En tous cas, cette démo mérite qu’on s’y attarde, et permet de faire connaissance avant une éventuelle sortie d’album qu’on espère pour bientôt.

Temperance « limitless »

TEMPERANCE « Limitless » (2015)

Origine : Italie

Date de Formation : 2013

STYLE : Modern Melodic Metal

LINE-UP :

Chiara – Chant

Marco – Guitre solo & Choeurs

Sandro – Guitare rythmique

Luca – Basse

Giulio – Batterie & Claviers

TRACKLISTING :

  1. Oblivion
  2. Amber & Fire
  3. Save Me
  4. Stay
  5. Mr. White
  6. Here & Now
  7. Omega Point
  8. Me, Myself & I
  9. Side By Side
  10. Goodbye
  11. Burning
  12. Get A Life
  13. Limitless

LIENS :

https://www.facebook.com/temperanceofficial/timeline (Facebook)

http://www.temperance.it/  (Site Officiel)

https://www.youtube.com/user/TemperanceOfficial (YouTube)

TEMPERANCE est un groupe qui nous vient d’Italie et se défini dans un style Moderne Mélodique Métal.

La biographie fournie par le groupe nous apprend que nous n’avons pas à faire à des débutants, chacun des musiciens membre du groupe ayant de nombreuses années d’expérience dans le métal,  heavy, power et symphonique, avec des collaborations plus que prestigieuses (Rhapsody of Fire, Dragonforce, Parkway Drive, Leave’s Eyes, Rage).

Ces éléments nous permettent de mieux définir le style qui nous attend, un power – mélodique métal imprégné de sonorités électronique mais aussi folkloriques.

Mais plus que la définition d’un style, c’est l’essence même de la musique d’un groupe qui est digne d’intérêt. Le monde du métal, qu’il soit heavy, power ou symphonique est suffisamment vaste pour autoriser tous les mélanges et expériences musicales.

Le parcours affiché des membres de TEMPERANCE en revanche, nous laisse attendre une musique de haut niveau et une production totalement professionnelle.

La pochette de l’album est un artwork de bonne qualité, travaillé et recherché mais sans excès, un excellent travail qui attire l’œil agréablement et confirme bien l’idée d’une production de haut niveau, certes, mais qui en revanche ne comporte pas de réelle surprise ou nouveauté dans sa conception. Parcourez un rayon métal bien achalandé et vous trouverez nombre de ces pochettes. Ce qui n’en minimise cependant pas la qualité.

L’album comporte 13 titres.

Avant même de procéder à son écoute, l’on notera que ce sont des titres « courts » 5mn pour les plus longs, et très majoritairement à moins de 4 minutes, formatage assez typique d’une musique qui se veut accessible pour la diffusion  large et sur les ondes, mais un peu plus rare dans le monde du power  métal qui ne lésine pas sur les titres longs, voir les pièces épiques en plusieurs parties.

Tous les éléments étant en place, passons au cœur du sujet… la musique…

L’album s’ouvre avec « Oblivion » et des chœurs d’enfants qui attirent tout de suite l’oreille.

Il avait été évoqué l’expérience des membres de TEMPERANCE, il est clair que la mise en place de ce genre de chœurs ne relève pas d’une production débutante et nécessite des moyens.

Dès le démarrage du morceau tous les ingrédients sont présents, sons électroniques, grosse rythmique en double, gros riffs de guitare, son impeccable et puissant, le morceau est énergique et le niveau attendu au rendez-vous.

Le chant de Chiara est une belle surprise, mélodieux, puissant, en un seul morceau elle passe d’un chant métal – rock à un refrain purement lyrique avec une aisance déconcertante.

La structure du morceau reste très classique, couplet – pont – refrain pont instrumental, les mélodies sont très accrocheuses, à la fin de l’écoute de ce premier morceau on hésite entre métal mélodique aux consonances Hard FM et aux inspirations Evanescence, Whithin Temptation ou même Delain.

Le pont instrumental est servi par un très bon chorus, simple mais efficace.

« Amber and Fire » introduit des sonorités folkloriques, toujours servies par une grosse rythmique, moteur implacable et très puissant qui ne se démentira pas de tout l’album.

Le chant reste toujours très varié, et on ne peut qu’apprécier le talent et l’étendue des capacités vocales de Chiara qui excelle dans tous les domaines où sa voix la porte.

La recette reste la même au fil des morceaux, intros qui vont droit à l’essentiel, couplets et refrains aux mélodies accrocheuses, ponts et break instrumentaux où les chorus guitare alternent avec des chorus claviers entre sons électro et sons plus symphoniques.

Le décor est posé, et si les morceaux ne sont pas ennuyeux, ils ne brillent pas non plus par une extraordinaire diversité, la recette de base fonctionne à merveille, et elle est reprise avec plus ou moins de variantes.

Au troisième morceau, un chanteur, Marco, fait son apparition en chant growl et chant clair.

Certaines interventions du chant growl peinent pourtant à convaincre, alors que d’autres sont parfaitement en place (par exemple sur le pont de Save Me) et donnent de vrais airs de métal symphonique.

Les orchestrations continuent à jouer entre électro, piano et violons, et s’avèrent très efficaces sans jamais prendre le pas sur les guitares et encore moins le chant qui tient un rôle majeur dans tous les morceaux.

Des morceaux comme « Stay » avec son accompagnement piano et son côté très mélodique sonnent vraiment très métal FM,  et ce malgré un pont guitare très musclé, avec un air de trop peu cependant.

« Mr white » nous arrive avec un intro un peu différente et surtout, plus nerveux, plus énergique.

Le refrain reste néanmoins très mélodique et tranche avec ce démarrage qui aurait laissé attendre un morceau plus heavy et avec moins de concessions au côté mélodique.

Le travail d’alternance entre chant féminin et masculin est abouti et recherché, néanmoins, on a du mal à être réellement convaincu de la plus-value réelle de ce duo tant le chant féminin nous a montré qu’il était capable de s’aventurer dans tous les registres.

Le pont instrumental renoue un temps avec des riffs plus métal, malgré des passages très « classiques » piano chant.

Au rang des morceaux qui me sont resté un peu plus que d’autres dans les oreilles, je noterai « Omega point » avec son intro très sympho et introduit par un chant masculin clair.

« Side by side », avec son ouverture aux violons et surtout un vrai gros riff de métal sympho, rapide, puissant, même si l’on retrouve toujours ce soucis des mélodies accrocheuses, le morceau reste très « musclé » et moins FM que ses prédécesseurs.

« Get a life » est introduit par une belle partie de piano et nous offre une fois de plus un bel exemple de toutes les possibilités vocales de Chiara qui alterne les styles et les rythmes pour notre plus grand plaisir.

« Limitless » titre éponyme conclue cet album avec un concentré de tout ce qui a été découvert et entendu tout au long des 12 titres précédents.

Au final, les attentes exprimées au début, au regard de l’expérience des musiciens se sont confirmées. On sent parfaitement la maitrise instrumentale de chacun, avec une mention spéciale pour Chiara dont le chant est vraiment au-dessus du lot tout au long de l’album, peut être au détriment des parties growl qui comme je le soulignais, ne sont pas toujours très convaincantes mais restent majoritairement appréciables.

La rythmique est impeccable, puissante, efficace, on pourrait néanmoins regretter que la basse ne sorte pas de son rôle de rouleau compresseur, ne serait-ce que pour un petit chorus ou solo.

Les chorus guitare sont efficaces et puissants, rien à voir avec des chorus de guitare héro, mais la structure et la construction des morceaux ne leur laissent pas le choix non plus.

Tous les éléments d’une production commerciale sont en place : chanteuse, rythmique rentre dedans, motifs électros, refrains accrocheurs, et c’est là que le bémol arrive, car dans ce marché et ce style de musique, il y a foule, et malgré une musique de qualité et une production impeccable, TEMPERANCE ne sort pas vraiment du lot. Bien que le côté électro et la voix fassent la différence, cela ne suffit pas à enlever cette impression d’une musique très classique dans son genre, et maintes et maintes fois entendue.

L’ensemble reste toutefois un album de très bonne facture, agréable, où les morceaux ne nous prennent pas la tête avec des constructions alambiquées, et qui dénote d’un réel savoir-faire de la part des musiciens.

Pour celles et ceux qui aiment ce genre de musique, n’hésitez pas, c’est un bon album, à conditions de ne pas se tromper de cible, les orchestrations électro n’en font pas un album de prog, et son côté mélodique ne le pousse pas non plus dans les terres du pur métal symphonique. Au final, la description initiale lui correspond bien, métal mélodique.

The long escape « The warning signal »

The Long Escape

The Warning Signal

 

Présentation :

La force tranquille du Metal hexagonal a un nom : The Long Escape.

Déterminé, le quatuor parisien formé en 2009 et composé de Kimo (guitare/chant), Marius (guitare), Nico (basse) et Tom (batterie) enrichit son Rock/Metal à travers sa conquête perpétuelle de sonorités nouvelles.

Fort d’une première exploration en 2011 (« The Triptych ») saluée par la critique à laquelle s’est ajoutée une tournée des bases humaines, le vaisseau s’apprête à tirer le signal d’alarme avec un deuxième compte-rendu prévu pour 2015.

Nul doute que la mission The Long Escape serve d’exemple en matière d’ambition pour les générations à venir.

THE LONG ESCAPE « The Warning Signal » (2015)

Fondation le 1 janvier 2009

Origine : PARIS

Style : Progressive Rock Metal

Line-Up :

Kimo – Chant/Guitares

Marius – Guitares

Nicolas – Basse

Tom – Batterie

Track-listing :

1) The Noise

2) Seas Of Wasted Men

3) Awakened Ones

4) Million Screens

5) Digital Misery

6) Carnival Of Deadly Sins

7) Crashdown

8) The Search

9) Homo Weirdiculus

10) Slave

11) World Going Down

12) The Last Crying Man

Liens :

 

http://fr.www.thelongescape.com/ (site officiel)

https://www.facebook.com/thelongescape/timeline (Facebook)

The Long Escape nous arrive de Paris avec un album présenté comme Métal – Rock Progressif.

Le quatuor n’en est pas à son premier coup d’essais, puisqu’en 2008 sort un maxi intitulé « Excess of empathy » avant le premier album en 2011 the « Tryptich ».

Deux œuvres saluées par la critiques et accompagnées d’une forte et remarquée présence scénique.

Le groupe avait alors imposé un style très personnel dans le monde rock-prog, avec « The Warning signal » avec ses 12 titres va-t-il amplifier cette tendance ?….

 

Dirigeons nous tout d’abord vers la pochette de l’album, comme je le dis toujours, une production c’est un tout, des compositions, un son, et du visuel. Un groupe qui soigne tous les aspects de son album montre par là sa motivation, son sérieux et sa capacité à fournir aux fans et aux futurs auditeurs un produit fini et abouti.

La pochette de « The Warning Signal » se présente donc sous la forme d’un art-work travaillé, de très bonne facture et réalisation qui s’avère un peu plus complexe que ce que le premier coup d’œil pourrait laisser croire. Ce sont ces petits détails cachés dans une pochette, ou mieux encore, pile sous nos yeux qui font la différence entre une belle photo et une pochette qui œuvre comme une porte ouverte sur l’album qu’elle cache.

 

Cette impression d’un album à double lecture sera d’ailleurs très présente tout au long de l’écoute de cette œuvre qui ne dévoile pas toutes ses subtilités dès le premier coup d’œil et d’oreille.

 

L’intro « The noise » si l’on ne peut pas lui reprocher grand-chose au niveau production et son ne sonne pas comme ces grandes introductions qui propulsent l’auditeur comme un tremplin. De mon humble avis, sa présence ou son absence ne ferait pas une énorme différence et l’on passe donc tout de suite au morceau suivant pour entrer dans le vif du sujet.

 

L’album s’ouvre donc réellement avec « Seas of wasted men » et nous entrons directement dans le vif du sujet.

Le son est bon, voire très bon même. Le morceau tranche entre son tempo modéré et une certaine puissance, voir nervosité des riffs guitares. Il est noté, car ce n’est pas anodin, que l’album est entièrement autoproduit, ce qui ne fait que rehausser l’avis déjà très positif porté à la production et aux finitions de l’album.

 

Avec ce premier morceau, tous les éléments du décor sont posés. Des guitares particulièrement affutés et efficaces, qui jonglent entre riffs inventifs et puissants et de très beaux solos, soutenus par une section rythmique particulièrement efficace qui, comme nous le verrons plus tard, va s’avérer redoutable à plus d’un titre.

 

La voix apporte aussi un côté particulier, oscillant entre graves, à la limite du saturé et un mid-aigues où l’on sent que la limité haute est atteinte tout en restant maîtrisée.

De ce premier morceau d’ouverture se dégage une excellente impression de puissance sous contrôle, une certaine force tranquille, présente mais bien posée et qui ne demande qu’à s’exprimer pleinement. C’est donc avec beaucoup d’attentes que nous nous dirigeons vers le 3ème morceau.

 

« Awakened Ones » s’ouvre sur une ambiance planante avant de nous délivrer un excellent riff d’introduction. Le rythme est bien plus soutenu que le précédent morceau et les instruments réalisent un excellent travail rythmique sur lequel la voix se pose parfaitement, plus dans les registres graves. Le refrain est très entrainement et le morceau délivre nombre de petits ponts et transitions où chaque instrument se dévoile, je pense notamment à la basse qui commence doucement à sortir de son rôle de soutien rythmique pur.

Ce troisième morceau laisse une excellente impression et comme je le disais en préambule, nombre de petits détails se révèlent au bout de plusieurs écoutes.

 

Avec « Millions screens » le travail des riffs accentue son côté « métal – prog » et l’on s’acclimate de plus en plus au timbre de voix médium un peu particulier de Kimo, qui comme le reste de l’album ne se contente pas d’un seule écoute pour tout dévoiler.

Personnellement, j’apprécie les riffs nerveux entrecoupés de ponts beaucoup plus linéaires, cette alternance puissance – tranquille déjà mentionnée. Chaque instrument y trouve parfaitement sa place, même si les orchestrations à tendance indus se font un peu plus discrètes.

 

Avec « Digital Misery » on sent que le groupe a pris son rythme de croisière au sein de cet album. Tous les éléments ont été posés et sont désormais pleinement exploités, même si le morceau ne se présente pas comme une redite des précédents, sa structure et l’exploitation des riffs, harmoniques et du chant reste conforme aux morceaux précédents.

 

« Carnival Of Deadly Sins » marque une petite pause en milieu d’album, morceau plus calme, malgré un travail guitare soigné et animé soutenu pas une rythmique qui ne faiblit pas.

Le morceau alterne toujours entre calme et attaques plus brutes qui nous maintiennent en haleine avant de retomber. A noter un très beau chorus guitares. On ne peut pas vraiment parler de ballade, nombre de passages du morceau en sont loin, juste d’une petite pause de milieu d’album. Apparences trompeuses… fausse eau dormante, ce titre ne dément pas ce qui prédomine depuis le début de l’album, ne pas se fier aux apparences et aux premières écoutes pour en apprécier toute la subtilité.

 

L’album déroule son lot de bons morceaux, avec une mention spéciale pour « The search » et sa superbe intro dominée par la basse qui réalise un superbe travail rythmique et harmonique.

 

Malgré de très nombreuses belles idées une certaine redondance s’installe à ce stade de l’écoute.

Comme je le signalais, les éléments principaux sont posés et parfaitement exploités et se retrouvent plus ou moins à chaque morceau. Heureusement, chaque titre comporte nombre de d’idées et particularité au sein des parties de chaque instrument qui empêche l’auditeur de sombrer dans la lassitude avec le risque de zapper sur le morceau suivant. On ne sait jamais vraiment comment chaque morceau va évoluer, et du coup, même si le style est homogène et parfois uniforme, on reste encore surpris par les multiples évolutions et progressions des morceaux.

 

« The slave » est un excellent titre, que je place dans mes coups de cœur de l’album. Riffs nerveux, déliés et entrainants, grosse rythmique, pont et transitions parfaites, avec un superbe travail de basse et de rythmique, même si le titre se veut plus linéaire niveau construction il est redoutablement efficace.

 

« World Going Down » amorce la fin de l’album avec une intro et une construction très indus. Le pont et sa reprise finale sont une excellente surprise, avec un riff endiablé basse-batterie avant de reprendre sur un refrain accrocheur.

Les guitares toujours extrêmement présentes depuis le début de l’album ne faillissent pas, jouant de leurs riffs lourds et puissants avant de se délier en constructions qui sonnent vraiment très métal-prog.

 

L’album se termine en apothéose avec le magnifique « The Last Crying Man » ou les ambiances acoustiques, planantes limite atmosphériques se disputent avec des riffs d’une très grande puissance où le chant n’hésite plus à plonger dans le registre saturé.

Comme TLE nous y a habitués depuis le début de cet album, le morceau ne tombe jamais dans la facilité, et ce sont de très beaux ponts, transitions qui ponctuent cette belle construction finale.

 

En conclusion, TLE nous délivre ici un album de très grande qualité, tant au niveau production et son qu’au niveau musical. Même si une certaine redondance de style s’installe au fil des morceaux, chacun de ces 12 titres apporte son lot de surprises, servis par des instruments d’une très grande technicité.

C’est un album très inspiré, avec beaucoup d’originalité. En définir le style serait à mon goût en restreindre la portée réelle et l’intérêt en l’enfermant dans une cage trop petite tant les influences sont nombreuses et variées.

Une seule écoute ne suffira pas à tout découvrir, mais comme tous ces albums qui se découvrent dans le temps, il vous faudra y revenir régulièrement pour vraiment en apprécier toutes les subtilités.

Je vous invite donc fortement à écouter cette très belle production qui montre que dans notre pays, nous avons de superbes talents qui mériteraient d’être bien plus mis en lumière, ça nous changera de la musique de supermarché en boite, aussi insipide qu’elle est mise en avant de toutes parts.

Un album que je recommande fortement pour toutes celles et ceux qui souhaiteraient ouvrir leur horizon musical et ressentir quelques émotions en écoutant de la musique….

Opus Doria « The Compass Rose »

Opus Doria « The Compass Rose »

INFLUENCES

Musique classique, du médiéval au baroque (Vivaldi, Purcell, Bach…) en passant par le classique (Beethoven) et le romantique (Liszt, Puccini, Rachmaninoff, Scriabin) jusqu’au moderne (Debussy, Ravel, Stravinsky, Albéniz) ; Musiques de films (Hans Zimmer, James Newton Howard, Danny Elfman etc) ; Heavy Metal, Power Metal, Metal Progressif et symphonique (Epica, Nightwish, Symphony X, Stratovarius, Rhapsody of Fire, Amberian Dawn, Sonata Artica, Apocalyptica, Dream Theater, Haken etc) ; Musiques du monde ; Musiques celtiques…

 LINE UP ACTUEL

Christel Lindstat: Chant

Flavie Nicogossian: Violoncelle,

Laura Nicogossian: Piano/Claviers

Roman Rouzine: Guitare

Yannick Hubert: Bass

Benoît Brune: Batterie

Pascal Jean: Hautbois/Instruments à vents

Delphine Labandibar: Violon

Gurvan Guillaumin: Uilleann Pipe, Whistles

 

The Compass Rose : Tracklist et infos

 

The Compass Rose, Octobre 2016

 

1- A Road to Infinity

2-Enigma

3-Dancing Sun

4-Fire Horses

5-Stars Reflections on the Waves

6-Frozen Flame

7-Ghost Odyssey

8-Scheol

9-Ethereal Texture

10-Heavenly Crossroads

11-Tierra de Sangre

12-The Mask We Left Behind

13-The Compass Rose

MUSICIENS :

Christel Lindstat: Chant

Flavie Nicogossian: Violoncelle, Choeur

Laura Nicogossian: Piano/Claviers/Choeur

Roman Rouzine: Guitare

Yannick Hubert: Basse/Choeur

Benoît Brune: Batterie/Percussions/Choeur

Pascal Jean: Hautbois/Instruments à vents

Delphine Labandibar: Violon

Gurvan Guillaumin: Uilleann Pipe, Whistles/Choeur

INVITES SPECIAUX :

Richard Desperes : Trompette

Christine Lanusse : Guitare classique

Composition/Textes : Laura Nicogossian

Arrangements: Opus Doria

Liens :

http://www.opusdoria.net/

 

https://www.facebook.com/OPUSDORIA/?ref=bookmarks

 

https://twitter.com/OpusDoria

 

https://www.youtube.com/channel/UC_gUqqHNB8D0dnwHbvc2vvA

Un album au carrefour des mondes, un voyage de haut vol dans un univers musical d’une incroyable richesse…

 

Comme je l’ai souligné à plusieurs reprises lors de précédentes chroniques, le monde du métal symphonique évolue en permanence, se comportant comme un chaudron bouillonnant de groupes tous plus talentueux les uns que les autres, explorant des univers musicaux, essayant parfois d’improbables mélanges d’influences ou de style.

Mais derrière cette activité presque fébrile, se cache un style bien ancré sur ses fondamentaux et ses codes, aussi bien esthétiques que musicaux.

La tendance étant ces derniers temps très nettement orientée vers les albums de métal progressif, à la technicité toujours plus osée et poussée, le concept d’Opus Doria présente une alternative, qui a défaut d’être totalement inédite, a le mérite d’emprunter un chemin différent, et de l’exploiter en profondeur.

Le groupe dans sa présentation annonce un concept des plus ambitieux qui ne peut qu’éveiller toute notre curiosité et nous inciter à aborder cette œuvre avec le plus grand intérêt..

En parlant d’œuvre… L’explication du nom du groupe, Opus Doria…

« Le terme Opus évoque les numéros des œuvres en musique classique, tandis que Doria se réfère au mode Dorien, pour suggérer une musique aux sonorités modales allant du médiéval au moderne, en passant par le baroque et le classique »

Selon les propres mots du groupe…

S’il n’est pas rare de rencontrer des groupes de métal symphonique qui ajoute des influences variées dans la recette de leur album, le concept décrit par Opus Doria pousse l’idée bien plus loin.

Le groupe se donne de toute évidence les moyens de ses ambitions, composé de 9 musiciens professionnels issus des milieux classiques et actuels (voix lyrique, claviers, violoncelle, violon, guitare, basse, batterie, flûtes, hautbois et cornemuse), le line-up est impressionnant.

Nous nous apprêtons donc à partir pour un voyage, un voyage inattendu…

Mais avant de nous embarquer sur le vaisseau « The Compass Rose » préparons un peu nos bagages.

Le groupe s’est déjà fait remarqué par ses précédentes galettes. « Infraworld » en 2011 et « A day on earth » en 2014. Deux œuvres des plus prometteuses qui les ont classés sans ambiguïté en bonne place dans les rangs des valeurs sûres et montantes du métal symphonique, secteur pourtant particulièrement concurrentiel…

Nous sommes prêts à embarquer pour un voyage au long cours, au fil des 13 morceaux de cet Opus et de ses 70 mn, servi par un équipage  non moins impressionnant fort des 9 musiciens du groupe et de leurs invités spéciaux.

La pochette de l’album est tout simplement parfaite. Sans surcharge ni fioritures, carton d’invitation ou billet pour ce voyage qui nous attend, laissant planer le mystère tout en dégageant une douce quiétude éthérée.

Alors sans plus attendre, embarquons…

Nous sommes accueillis dès les premières notes par une ambiance digne d’une musique de super production cinématographique qui nous emmène dans un désert des milles et unes nuits, où l’on s’attend d’un moment à l’autre à voir surgir les cavaliers de Prince Of Persia.

Le son est excellent et le mix met parfaitement en valeur une orchestration riche mais aérée et équilibrée soutenues par une basse claquante qui flirte avec clarté dans les medium basse du plus bel effet.

Nous sommes encore dans l’ambiance qu’ »Egnima » entre en force avec un riff guitare nerveux et incisif. Les promesses sont tenues et rapidement le morceau dévoile avec force toutes ses influences et clins d’œil aux musiques de films, dont je vous laisse le plaisir de retrouver les origines.

Le chant est parfaitement placé, puissant, clair, servi par une ligne mélodique et une progression harmonique aussi surprenantes qu’agréables à l’oreille, le tout sur un rythme soutenu. Par moment une flute vient casser avec grâce et légèreté cette ambiance pure métal symphonique avant un très beau chorus guitare sous fond d’orchestration qui n’est pas sans rappeler le Nigthwish de la première heure.

Avec ce morceau grisant, puissant, entrainant et dynamique Opus Doria frappe fort, très fort.

Il serait tentant de décrire avec force de détail chaque étape de ce voyage musical, mais cela ferait une bien longue prose tant il y aurait de choses à dire, mais quoi de plus normal pour ce qui pourrait être tout simplement un carnet de voyage bien rempli.

Alors une fois n’est pas coutume, c’est au fil des ambiances et des impressions que je vais décrire l’ambiance ce cet album.

De l’ouverture baroque au clavecin et violoncelles de « Dancing Sun »qui surfent sur des gammes entrainantes et portant de sculpturales envolées lyriques mezzo-soprano aux ambiances qui nous ramènent dans des déserts mystérieux de « Fire Horse » où les ondulations de la voix en soprano semble parcourir les dunes de sable sous un coucher de soleil digne d’une production Hollywoodienne, le dépaysement est total.

Les genres, styles et influences se mélangent, s’attirent et se repoussent dans une harmonie changeante mais toujours redoutablement efficace. Les guitares et la redoutable section rythmique sont là pour nous rappeler que tout n’est pas qu’une simple affaire de musique ethnique et folklorique, entre riffs incisifs et superbes chorus rien ne manque.

L’album s’étire dans un long mais passionnant et richissime passage essentiellement instrumental portant de magnifiques vocalise avant de nous faire arriver à un oasis de calme et de sérénité où les violons lancinent en douceur pour nous poser sous un ciel étoilé dans une nuit cristalline avec le superbe « Star Reflections on the waves » où l’on imagine sans mal le firmament se fondre dans une mer d’encre de chine constellée d’étoiles.

Le temps de ce morceau nous sortons du monde métal-symphonique pour planer dans un superbe univers parfaitement orchestré..

« Frozen flame » nous ramène avec brio et superbe à la réalité. Morceau qui mérite que l’on s’y attarde un peu. Riche en influences, un peu d’Epica, du Nigthwish de la première heure, porté par une voix qui ne démérite pas, ce morceaux puissant nous transporte au fil de très beaux riffs guitares, entrecoupés de violons langoureux pour mieux rebondir sur un superbe chorus et nous gratifier d’un final épique, tout droit sorti des meilleures pièces de la musique classique, majestueux, imposant, à vous en donner des frissons…Les performances vocales sont tout simplement superbes, atteignant sans la moindre peine des sommets de diva, portées par une orchestration sans faille. Pour ma part, l’un de mes grands coups de cœur de cet opus.

Nous voilà à peine remis des émotions générées par ce morceau somptueux que « Ghost Odissey » rebondit, entrainant, vif, sur des riffs folkloriques, troubadours de l’ère moderne.

Riche en variations, tant rythmiques qu’harmoniques, parfois un peu abrupte mais tellement bien amenées au final, ce morceau essentiellement instrumental nous transporte d’un univers à l’autre, des Highlands où l’on s’attend à voir apparaitre les armées d’un BraveHearth dans la brume à des passages plus torturés et presque inquiétants, rebondissant sur d’enjouées sarabandes… Rien ne semble manquer à une telle pièce.

Ambiance garantie, et le voyage continue de plus belle…

Et pourtant, si nous pensions avoir tout exploré, « Scheol » nous emmène sur d’autres terres. Servi par une magnifique introduction où les ensembles vocaux nous plongent dans une profonde mélancolie, les riffs nerveux de ce morceaux multifacette ont tôt fait de nous tenir en éveil. Là aussi pas de réel répis. Les ambiances s’enchainent, et ne se ressemblent pas pour notre plus grand plaisir soit dit en passant.

En de nombreux moments le morceau prend des airs d’opéra, se déployant sur près de 8 minute cette pièce d’une richesse incroyable aux instrumentations progressives fait la part belle à un piano inventif et surprenant qui nous surprend par une progression finale qui flirte allègrement avec les dissonances et des évolutions qui rappellent les grandes heures d’un « OceanBorn ».

« Ethereal texture » nous apporte une nouvelle plage de sérénité avec ses accents folk venus de très loin, à moins que ce ne soient nous qui venions de loin à leur rencontre. Les performances lyriques de la belle sont toujours aussi prenantes et accompagnent ces variations multiples dont la richesse cache une portée particulièrement élaborée et riche en développements et rebondissements.

Ambiance qui se prolonge avec « Heavenly crossroads » qui nous plonge dans une ambiance très « Nigthwish » aux accents de « Sleeping Sun ». Ballade que  la maîtresse de chant au summum de son art survole, comme un oiseau survole un océan de nappes synthétiques, pianos et guitares feutrés mais jamais effacés.

Le voyage pourrait se terminer sur un rivage lointain porté par ces mélancoliques et émotifs accords, mais avec «Tierra de Sangré » c’est sur les terres très clairement de la musique hispanique que nous faisons notre prochaine étape.

Là aussi, l’immersion est totale, en quelques mesures nous sommes plongés sous le soleil de l’Espagne entre rythmes endiablés où l’on imagine sans mal une fougueuse danse folklorique aux couleurs vives et couchers de soleils sur les entendues immenses d’une lointaine sierra.

La maitrise instrumentale est parfaite, la maitrise vocale tout autant, rien ne semble pouvoir échapper à la diva qui semble désormais pouvoir habiter de son talent tous ces lieux et contrées que nous traversons depuis le début de ce voyage.

Nous sortons à peine de cette ambiance gorgées de puissance et de soleil que « The mask we left behind » nous propulse dans un autre tableau au son d’un violoncelle expressif  et torturé digne d’un Adagio. Et c’est un magnifique trio chant – piano – violoncelle qui joue avec nos sentiments et notre sensibilité… Un morceau à savourer les yeux fermés pour se laisser porter.

Et c’est ainsi que nous atteignons le but final de notre voyage, avec le titre éponyme de l’album « The compass Rose ».

Final flamboyant qui sonne comme un résumé de ce périple musical. Emmené par un piano survolté aux consonances et influences multiples, enchainant les gammes et les rythmes avec autant de facilité que de diversité.

Le morceau nous tient en haleine permanente, nous entrainant dans un tourbillon de mélodie, d’ambiances, bousculant les codes pour mieux s’en libérer.

Final épique pour un album qui l’est tout autant, jusqu’à la dernière note nos sens seront sollicités, notre sensibilité tout autant avec un final porté par la diva à son paroxysme.

Alors que les dernières notes s’estompent, que dire de cet opus ?

Malgré une longueur non négligeable, près de 70 mn, son écoute se fait avec autant de facilité que le voyage annoncé.

Toutes les promesses sont tenues, et si pour certains l’utilisation du mode dorien n’aura guère de sens ou d’écho, ce n’est pas grand problème tant il suffit de se laisser porter au fil des morceaux.

Le son et la post-production sont tout simplement impeccables, et le défis était de taille au regard du nombre d’instruments à prendre en compte mais aussi de toutes les ambiances qui défilent morceau après morceau, mesure après mesure, et qui ont chacune leur identité musicale et sonore propre.

Les performances instrumentales sont parfaites, mais que dire de la performance vocale de la diva qui nous fait trembler et semble repousser toujours plus loin les limites de son art et de sa maitrise.

C’est un album de la démesure, sans aucun doute. Le classer dans un style plutôt qu’un autre serait à mon sens, bien trop restrictif et n’honorerait pas le fantastique travail artistique et technique réalisé.

Chacun selon ses goûts et ses influences y trouvera de quoi ravir ses oreilles, les afficionados du pur métal symphonique trouveront peut-être des longueurs, d’autres seront peut-être secoué par les envolées rythmiques toute en puissance, mais au final, c’est un tout qui n’appartient qu’à lui.

Alors je dirais que le style Opus Doria, c’est Opus Doria, ni plus ni moins, et que pour s’en rendre compte, il n’y a qu’un seul moyen, l’écouter.

Pas  une seule fois, ce n’est pas un album qui délivre toute sa saveur du premier coup, loin de là. Vous pouvez faire le voyage d’une traite, comme en plusieurs fois, revenir d’une étape à une autre, vous y trouverez toujours des saveurs et des ambiances sonores à déguster.

Il faut néanmoins aborder ce style d’album comme une volonté poussée très très loin de mélange des genres et des styles.

J’ai minutieusement écouté chaque morceau à la recherche des influences données par le groupe, et je les ai toutes trouvées. Après, que l’on aime ou pas cette musique multiculturelle, rien ne peut lui enlever le fait que c’est un choix parfaitement maitrisé et bien plus encore.

Dans un monde musical qui se cherche encore et qui revient souvent sur ses fondations, on peut très clairement dire qu’avec cette œuvre Opus Doria va de l’avant, et à défaut d’avoir inventé un style, a su avec brio et majesté réinventé une recette et un mariage aussi improbable que passionnant.

Mobius « The line »

MOBIUS – THE LINE

 

Genre :

Métal progressif – symphonique

Origine :

France (Lyon)

 

LINE-UP qui a enregistré l’album :

Batterie – Adrien

Claviers – Guillaume

Chant – Héli

Guitares – Anton

Basse – Julien

LINE-UP ACTUEL :

Batterie – Adrien

Claviers – Guillaume

Chant – Héli

Guitares – Xavier

 

LIENS :

Facebook : https://www.facebook.com/mobiusofficialband/

Bandcamp : http://mobiusofficial.bandcamp.com/album/mobius-demo

Youtube : https://www.youtube.com/channel/UCbXXHoQqNPPUEyV60YiJ_Bg

BIO :

Le metal progressif, symphonique, et les musiques du monde sont les ingrédients de Mobius.

Notre groupe naît sur l’île de La Réunion, où trois collégiens se retrouvent pour écrire leurs premières compos. Les années passent, et Adrien (batterie), Guillaume (claviers) et Anton (guitare) décident de conquérir la métropole pour leurs études. Lyon est la ville qu’ils choisissent pour finaliser leur formation. Ils intègrent Héli au chant et Julien à la basse. Le groupe, au complet, devient Mobius.

En 2013 nous enregistrons une démo (trois titres) et jouons aux côtés de Leprous et Blindead sur la scène du Ninkasi Kao, à Lyon.

Depuis, nous avons partagé la scène avec Trepalium, Hypno5e, et Stream of Passion. Nous avons aussi enregistré l’album « The Line » qui sortira le 10 octobre prochain.

 

De quoi parle « The Line » ?

Dans notre monde où les codes nous font douter de notre place, et où la violence et l’exclusion sont partout, rien n’est gratuit ni évident. Quelle route suivre ? Quelles valeurs adopter ? Comment se construire dans un monde codé et dans lequel beaucoup se sentent illégitimes d’exister ?

Nous parlons à tous. A ceux qui se sentent seuls, ceux qui ne se sentent pas à la hauteur, aux complexés physiques et aux personnes traumatisés, en passant par ceux qui ne font plus la différence entre la colère, la peine et l’ennui. Cet album porte un message de rassemblement, d’universalité, et d’apaisement des souffrances que nous partageons tous.

 

« THE LINE »

Track List :

 

1 : Cosmopolis

2 : Rising mind

3 : Evasion

4 : A mazing world

5 : The heresiarch

6 : Bursting chaos

7 : Dark fates

8 : Mist of illusions

 

MOBIUS, groupe Lyonnais nous présente son premier album après une démo 3 titre sortie en 2013.

Le groupe s’inscrit, selon ses propres termes, dans le courant métal progressif et symphonique, en y rajoutant les « musiques du monde ».

Double composante principale des plus ambitieuse au regard de deux styles exigeants dans des domaines très spécifiques à chacun, le métal progressif et le métal symphonique.

La pochette de l’album est un artwork de très bonne facture, soigné, qui peut au choix se laisser regarder ou nous amener à quelques questions au regard de l’identité que le groupe a voulu donner à cet album. Il est désormais acquis que les groupes ne font plus des albums vides de sens, mais bien des œuvres qui ont un message à faire passer, et  MOBIUS s’inscrit parfaitement dans cette règle qui permet à l’auditeur plusieurs lectures et écoute de l’œuvre, selon que l’on cherche le plaisir musical ou que l’on souhaite creuser un peu plus le sens de chaque morceau.

La double influence citée précédemment n’est pas un défi facile. Nombreux sont les groupes qui se revendiquent du métal progressif, et du symphonique, et bien que cela donne lieu à de très belles productions musicales, l’exercice n’est pas aisé et le résultat loin d’être acquis. Pour réussir un tel pari, il faut beaucoup de technicité instrumentale et vocale, de la créativité, une solide production et post-production. L’enjeu n’est bien évidemment pas de rivaliser avec les ténors du genre, mais bien de se faire un place dans un monde musical particulièrement prolifique et en permanente recherche et expérimentations musicales.

Alors voyons sans plus attendre comment MOBIUS vient s’inscrire dans la scène métal prog – sympho française.

Le premier élément notable est la longueur des morceaux. A une exception près, tous les morceaux oscillent entre 5 et presque 10mn (09mn44 précisément).

Bien évidemment le style s’y prête parfaitement et tout connaisseur n’y verra rien de surprenant, mais cela n’enlève rien à la difficulté induite par un tel choix. Pour le musicien, ce choix s’impose souvent comme une évidence pour lui permettre de délivrer son message et de laisser son morceau s’exprimer pleinement. Pour l’auditeur, qui n’est pas au fait de ce processus de création, il en va tout autrement sur le ressenti du morceau, et dès lors se joue une délicate partie d’alchimie et d’équilibre entre ce que le compositeur souhaite obtenir d’une part, et ce que les auditeurs ressentiront d’autre part.

L’album s’ouvre sur « COSMOPOLIS », qui donne tout de suite le temps avec ses 8mn41.

L’intro, principalement emmenée par un piano et de superbe nappes cède rapidement la place à un riff d’ouverture puissant, nerveux et sans concession où la guitare œuvre directement sur un riff délié parfaitement servi par une superbe orchestration qui n’est pas sans rappeler un certain style Symphony X.

Le son est excellent, servi par un excellent mixage qui œuvre à merveille au sein d’un morceau très riche en orchestrations, qu’elles soient instrumentales ou vocales. Les sons des nappes et divers synthés sont profonds, puissants et, fait notable car pas si évident à réaliser, crédibles, en parfaite adéquation avec le morceau.

La section rythmique est particulièrement efficace, avec une basse qui sait jouer son rôle sans pour autant se cantonner à un simple rôle d’accompagnatrice passive.

La partie vocale apporte elle aussi son lot de belles surprises. Un chant clair, mélodieux et puissant, qui sait s’imposer sur un morceau particulièrement riche et complexe, rythmiquement et harmoniquement. Les arrangements vocaux sont très recherchés, chœurs, doublage de ligne vocale, contres mélodies, lignes planantes en voix de tête, voix lead accrocheuse…

La structure du morceau permet à Héli de donner de l’ampleur à ses capacités vocales. Fait notable, pas de chant saturé, mais un très gros travail de chœurs masculins.

Ce premier morceau relève le défi, le prog et le sympho. Ces 8 minutes 41 glissent avec  facilité sans laisser à aucun moment place à un quelconque sentiment d’ennuis.

Avec « Cosmopolis » le ton est donné, mais la barre est placée très haute…

« Rising Mind » s’ouvre sur une introduction plus longue, toute en orchestration et chant. Le son reste excellent.

Le morceau s’ouvre avec puissance mais la partie orchestration garde la prédominance, suivie par une basse qui se délie et se fait très joueuse.

La structure ne verse jamais dans la facilité, changements harmoniques et rythmiques s’enchainent, rendant le morceau parfois un peu difficile à suivre. La structure prog prend le dessus tandis que la section rythmique poursuit un travail complexe et soutenu qui rappelle certains passages de Dream Theater.

Tout comme son prédécesseur, « Rising Mind » n’est pas un morceau court. Un superbe passage piano – guitare claire ouvre un pont qui sonne comme un second morceau. La recherche du détail dans les arrangements, et la post-production est toujours aussi profonde et aboutie. Là aussi les 7mn passent très vite, même si la reprise finale du refrain peut sembler superflue à un moment où l’on sentait le morceau arriver sur sa fin.

« Evasion » s’inscrit dans la même construction, mais apporte son lot d’éléments particuliers. Une mise en avant plus prononcée du piano, un travail de chant différent, plus modulé, qui va chercher plus dans la difficulté harmonique et des changements de rythmes, parfaitement maîtrisés quoiqu’un peu abrupte au niveau des transitions.

Le style évolue clairement dans le monde progressif, très technique, au détriment d’une certaine mélodicité qu’avaient conservée les morceaux précédents. Le travail rythmique est très recherché, et toujours aussi précis. On sent des influences et quelques réminiscences Symphony X et Dream Theater dans les constructions, progressions et certains choix d’orchestrations et arrangements. Les amateurs du genre apprécieront certainement car la technique est bien maîtrisée.

Le pont renoue avec l’aspect symphonique et nous permet de découvrir les capacités vocales d’Héli aux frontières du chant en voix de tête pour une très belle performance.

Le morceau se termine avec un superbe chorus guitare sur lequel il n’y a strictement rien à redire tant au niveau technicité que sur l’évolution d’ensemble et d’orchestration qui emmène vers la fin du morceau.

C’est le troisième morceau « long » de l’album, le risque d’une certaine lassitude ou redite pourrait se faire plus présent, mais la bonne gestion des différentes parties font que ces 9 minutes passent très bien au final.

« A Mazing World » sonne comme une transition, un ovni de moins de 3 minutes dans cet album résolument orienté sur les grosses constructions. Ambiance planante, cordes,  instruments ethniques, guitare claire en arpège, tout est là pour une pause qui nous emmène dans une tout autre ambiance. De très beaux arrangements cordes et chœurs finissent ce passage sur une note symphonique avant d’enchainer directement avec le morceau suivant sur une très belle transition.

Avec « The Heresiarch » retour dans le vif du sujet. Grosse intro sur vitaminée, riffs agressifs et rythmiques nerveuses, nous voici replongé vers un métal progressif pur jus. La marque de fabrique du groupe est désormais  bien imprimée, aucun morceau ne fait défaut à ce soin permanent du détail, des constructions qui ne tombent jamais dans la facilité, même si plusieurs éléments reviennent de manière récurrente.

Les transitions apportent des touches symphoniques au cœur d’un morceau très puissant et bien plus agressif que ces prédécesseurs.

« Burning Chaos » s’ouvre sur une introduction particulièrement intéressante niveau sonorités et utilisation de nouvelles tessitures instrumentales. La voix aussi s’essaye à un nouvel exercice de style qui colle parfaitement au thème annoncé du morceau dans son titre. Moins symphonique, plus exclusif, le morceau n’en demeure pas moins accrocheur. On navigue dans un monde de riffs, d’orchestrations et d’arrangement vocaux en perpétuel évolution qui ne nous laisse aucun répit.

Le pont tranche avec ses guitares aux consonances flamenco, avant de nous replonger, en plein… chaos ?

« Dark fates » nous rappelle, si besoin en était, la très grande puissance et technicité de la section rythmique batterie –basse qui fait des merveilles depuis les premières minutes de l’album.

Tous les éléments connus sont en place dans ce morceau qui renoue avec des envolées symphoniques entre deux riffs progressifs.

Notons ce superbe pont où la basse se fait plus bavarde et déliée.

Si le morceau n’apporte pas d’éléments totalement nouveau au regard de ce que Mobius nous distille depuis le début, ses presque 7 minutes passent une fois de plus à merveille par la richesse de ses ambiances et structures.

« Mist of illusions » clôture cet album avec ses 8 minutes.

Les instruments  annoncent leur dernière pièce avec virtuosité dans une intro où toutes les ambiances semblent s’être donné rendez-vous.

Sans renier les grosses attaques rythmées et nerveuses, le morceau nous offre de belles plages plus aérées. Cette conclusion sonne comme un dernier rappel du savoir-faire et du style du groupe. Tout y est présent, changement d’ambiance, changement de rythme, avec toujours ce travail énorme d’orchestrations et arrangements qui nous amène vers un final épique.

En conclusion et malgré ce qui vient d’être dit, il y aurait encore beaucoup, beaucoup à dire sur cet album d’une richesse incroyable.

Peut-être trop riche d’ailleurs pour pouvoir être abordé et apprécié en une seule écoute. Pris isolément chaque morceau est une petite perle de technicité, mélodicité, d’orchestrations et de finesse.

Servi par un son et une post production impeccables « The line » réussi haut la main le pari de mélanger métal, heavy, progressif, symphonique et touches ethniques.

Il ne faut pas hésiter à se plonger à plusieurs reprises dans chaque morceau pour en extraire la substantifique moelle et en apprécier tout le travail réalisé.

Une rythmique implacable, un duo basse – batterie redoutable, des guitares affutées tant au niveau rythmiques que soliste, des orchestrations d’une très grande richesse, tant sur la qualité des sons que sur leur utilisation, et un travail vocal d’autant plus impressionnant lorsque l’on sait qu’Héli assure à elle seule toutes les parties vocales et chœurs « féminin ».

Cet album séduira sans aucun doute les fans de métal progressif mais aussi un public plus orienté symphonique. On pourrait craindre la longueur des morceaux, mais comme je le précisais, une écoute attentive de chacun d’eux ne laisse pas de place à la lassitude. Peut-être que sur l’ensemble de l’album l’on retrouve très naturellement des redites de constructions et de riffs, mais au regard de la richesse globale, ce serait vraiment se montrer très pinailleur que de s’arrêter à ce seul fait.

Je ne peux qu’encourager ceux qui auront pris le temps de lire cette chronique dont la longueur ne pouvait être autre au regard de l’album présenté à inscrire « The line » dans leur playlist et à se délecter sans modération. Ne restez pas sur une seule écoute, les suivantes sont les meilleures passé l’effet de surprise.

Furor Gallico « Furror Gallico »


Furor Gallico [re-release]

Scarlet Records

Release: 28 April 2015

Shortly following the release of Furor Gallico’s new album ‘Songs From The Earth, Scarlet Records is re-releasing Folk Metal masters’ acclaimed self-titled debut album. Here is how metal-archives.com reviewed the album:
“Right away, it’s fairly evident that Furor Gallico are playing with a full stylistic deck, giving listener plentiful bouts of folk metal fury that comes more as a barbarian horde than a group of drunks lost in the woods. Odes to sword-swinging victory are the order of the day, wherein the fine Italian countryside is set ablaze in the name of all things heathenish and wild, albeit at a nice, almost leisurely pace. Things move from one extreme to the next, thankfully coming off naturally rather than just slapping some guitars and strings together and hoping for the best, and thus ensuring varying degrees of enjoyment on that end from start to finish. Taking a rather North-born approach, the Gallico gang takes to the metallic spectrum with powerful riffs, snazzy leads, raging growls/screams and pounding drum work while soft strings, glittery harp and flute work underscore the madness with a liltiness more befitting a nice evening beside the fire. Still, like other groups of their musical primordial soup, it fits, and it works.”

SELLING POINTS:
·         The long waited re-release of Furor Gallico’s acclaimed self-titled debut album
·         A real milestone in the European Folk Metal scene
·         Available for the first time in a deluxe digipack edition
·         The band has been added to the line-up of the Cernunnos Festival in Paris, France, with Moonsorrow and many others

Fondation en 2007

Genre Folk Metal

Membres du groupe :

Davide: Growl, Cris and chant clair

Luca: Guitare et choeurs

Mattia: Guitare

Marco: Basse

Mirko: Batterie

Paolo: Tin Whistles, Bouzouki & Cornemuse

Becky: Harpe Celtique

Riccardo: Violon

Tracks-Listing

1.Intro    02:00

2.Venti di Imbolc 04:23

3.Ancient Rites    03:24

4.Cathubodva 06:29

5.The Gods Have Returned 04:13

6.Golden Spiral    02:35

7.Curmisagios    01:57

8.Miracolous Child 06:18

9.Medhelan 06:32

10.Bright Eyes 02:18

11.La caccia morta 04:49

12.Banshee 05:06

13.The Glorious Dawn 08:01

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Chronique

Présenté comme un groupe de Rock – Folk – Métal, Furor Gallico nous vient tout droit de l’autre côté des alpes.
L’italie nous a déjà envoyé de très beaux groupes dans le monde du métal symphonique, épique ou mélodique, Avec Lucas Turilli et le bien connu Rhaposdy, mais aussi des groupes comme Lacuna Coil.
Je fais ici le rapprochement avec le courant métal symphonique, car dès la première écoute, tous les fans de ce style s’y retrouveront, tous les ingrédients de base étant présents dans le chaudron druidique de Furor Gallico.
Car c’est ici la grande surprise de ce groupe, qui nous rappelle que la culture celtique et ses mélodies entrainantes et rythmées a bel et bien passé la frontière des alpes.

Furor Gallico (l’album) est une réédition de l’album sorti en 2011.

Tout dans le concept visuel du groupe, de la pochette au look du groupe nous emmène directement chez les celtes, et sans plus de renseignements, l’on serait bien en peine d’imaginer que ce band nous vienne d’Italie.
La pochette de l’album présente un art-work parfaitement dans le thème, ni trop sobre ni trop extavaguant, et qui affiche aussi bien le côté celtique, la puissance guerrière et en arrière plan le côté « féminin-mythologique » autant d’éléments que nous retrouverons dans la musique du groupe.

L’intro nous plonge directement au coeur du sujet.
Rythmée, entrainante, entièrement jouée avec des sons et instruments typiquement folk, elle ouvre parfaitement l’album, et mis à part si l’on est foncièrement allergique à la musique celtique ou même aux intonations de musique médievale, impossible de ne pas se sentir entrainé par son rythme et sa musicalité.
Dès les premières notes, le son surprend par sa qualité et la maitrise des instruments et de l’orchestation, ce qui est plutôt de très bonne augure pour la suite…

Avec « Venti di Imbolc », les choses sérieuses commencent vraiment. Guitares saturées au gros son impeccable, voix guttural pour le côté métal agressif, violons, harpe et flûte amènent une orchestration très présente et parfaitement intégrée, le rythme est entrainant et soutenu, le morceau est d’entrée de jeu très accrocheur et l’on ne s’y ennuit pas, les variations étant nombreuses, tant sur le plan « métal » que sur le plan « musique folk ».

C’est le début d’un enchainement de morceaux, qui bien que suivant une certaine linéarité dans leur conception très particulière, ne nous emmène jamais dans l’ennui ou la redondance.
L’ensemble de l’album se construit sur cette équilibre qui n’avait pourtant rien de facile et d’inné.

Le chant guttral dans les basses est parfaitement en place et maitrisé, j’ai moins accroché lorsqu’il monte dans les aigues.
Le chant clair est suffisement présent pour équilibrer le paysage vocal, bien que celui-ci soit largement dominé par le chant guttural.
Peut être des interventions de chant féminins auraient été les bienvenues ? il y a des passages où j’avoue, je les aurais attendu avec plaisir, mais cela ne nuit aucunement à la construction des morceaux.

Tout au long de l’album nous sommes transportés par des alternance de rythmes folk-celtique très inspirés et parfaitements exécutés par les violons, flute et harpes, de gros riffs métal très efficace et un chant qui comme précisé précédement joue entre guttural basse, chant clair et guttural aigue.

Des morceaux comme « Golden Spiral » ou « Bright Eyes » laissent les instruments folk s’exprimer pleinenent, dans une mélodie lente et prenante pour « Golden Spiral » qui nous plonge dans un univers à la limite des anciens temps et des comtes de la mythologie celtique, ou dans une danse au rythme effréné comme pour « Bright Eyes ».

Des morceaux comme « Curmisagios » nous arrive en pleine figure pour deux minutes d’un rythme métal – folk soutenu et superbement équlibré entre violons et riffs de guitare.

« Miracolous Child » est introduit par les instruments folk avant que le ton ne redevienne résolument métal. On notera la présence d’un très beau solo de guitare, très mélodique, car sur la plupart des titres, ce sont les instruments folk qui sont mis en valeur dans ce domaine, la guitare assurant avec brio un énorme travail rythmique métal.

Les morceaux s’enchainent, le style reste cohérent, et pourtant, aucune note d’ennui ou d’impression de déjà écouté qui donne envie de passer au morceau suivant. C’est ce qui m’a le plus surpris dans cet album, bien que son style soit résolument ancré et que chaque morceau le reprenne sans défaut, on ne s’ennuie pas, on écoute, on apprécie, on est souvent surpirs par tel ou tel passage, ambiance folk ou au contraire grosse attaque métal.
Les structures sont dans l’ensembles sensiblement identiques, intro folk reprise par le style métal, les rythmes sont variés, entre les morceaux, mais aussi au sein d’un même morceau, ce qui à mon avis contribue largement à ne pas les faire basculer dans la répétition ou l’ennui.

L’album se termine sur « The glorious Dawn », qui nous amène un passage très heavy très puissant, aussi surprenant qu’agréable.
Le morceau se termine dans une douceur « vocale » qui tranche un peu avec ce qui a précédé, mais annonce bien la fin de l’album.

En conclusion je dirai que cet album a vraiment été une excellente surprise pour moi.
En tant que grand fan de métal symphonique, j’avais souvent eu l’occasion d’entendre des passages celtiques au coeur des morceaux (technique souvent utilisée par Nightwish) mais je n’avais jamais encore eu l’occasion d’écouter un album entièrement construit sur ce thème.
Du début à la fin le son est excellent, ce qui n’était pas gagné au regard de la quantité d’instrument. Les parties métales sont puissante et le guitares jouent merveilleusement bien leur rôle. La maitrise des instrument est totale, et là aussi, en tant que musicien, je sais à quel point il est difficile de jouer ces rythmes.
Cet album regorde de très bonnes idées, il surprend, il donne envie de bouger, même si l’on pourrait regretter que le chant soit trop axé sur le guttural, dont les parties aigues ne sont pas toujours les moments les meilleurs de la ligne vocale.
Je retiendrai que c’est un album que j’ai écouté plusieur fois, toujours avec le même plaisir, la richesse des morceaux faisant que d’une écoute à l’autre, on fini toujours par trouver un petit passage qui nous avait échappé la fois précédente.
Si de prime abord on pourrait se dire « je suis métalleux ce n’est pas pour moi le folk celtique », l’écoute de l’album chasse très rapidement cette idée, les adepts de gros riffs et de chant guttural seront largement servis, tout autant que ceux qui aiment les belles mélodies entrainantes et les riffs travaillés qui font bouger les doigts tout seuls.
C’est un excellent album que je recommande, et d’ores et déjà, « Furor Gallico » est entré dans ma playlist favorite.